Anselm Feuerbach

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre allemand (Speyer 1829  – Venise  1880).

De 1845 à 1848, il étudia à l'Académie de Düsseldorf, où il fut l'élève de Lessing et W. von Schadow, puis fréquenta à Munich l'atelier de Kaulbach (1848) chez le peintre d'histoire Wapper. Il séjourna en 1850 à Anvers et de 1851 à 1854 à Paris. Il subit alors l'influence de Couture, dont il fréquente l'atelier, comme en témoigne par son coloris et sa technique sa première œuvre, Hafis devant une auberge (1852, musée de Mannheim). Après avoir séjourné à Karlsruhe, il part en 1855 pour Venise, où il s'imprègne de l'art de Palma, de Titien, de Véronèse ; de là, il se rend à Florence, puis à Rome, où il se fixe jusqu'en 1872 et où s'affirme son style méditatif et grave. Influencé par la Renaissance italienne, il peint des scènes inspirées de la vie et des œuvres de Dante, de l'Arioste, de Pétrarque et de Shakespeare, des compositions à thèmes bibliques et des sujets empruntés à la mythologie grecque. Il exécute de 1861 à 1865 de nombreux portraits de son modèle romain Anna Risi (Nanna), qui correspond à son idéal de beauté mélancolique et sévère (la Joueuse de mandoline, 1865, musée de Hambourg). Les principales œuvres de son séjour romain sont : Iphigénie (1862 et 1871, musée de Darmstadt ; Stuttgart, Staatsgal.), la Pietà (1863, Munich, Schackgal.), Hafis à la fontaine (1866, id.), Médée (1870, Munich, Neue Pin.), le Banquet de Platon (1869 et 1873, musée de Karlsruhe et Berlin, N. G.) et le Combat des amazones (1873, Nuremberg, Städtische Kunstsammlungen). De 1872 à 1876, il enseigne à l'Académie de Vienne et décore des plafonds pour cet édifice. En butte à de nombeuses critiques, il quitte Vienne pour Venise, lieu principal de son activité à partir de 1877. Sous l'influence de la Renaissance vénitienne, il peint en 1878 le Concert (Berlin, N. G., auj. détruit). Outre ses tableaux d'histoire, il a peint des paysages, des portraits et des Autoportraits (musée de Karlsruhe, 1852 et 1878). Le but de ses efforts était d'opposer à la peinture d'histoire, souvent banale à cette époque, des œuvres d'une signification plus haute, répondant à une conception austère. Coloriste doué, il utilise volontairement des tons retenus, composant de subtils accords de mauves et de verts, qui donnent aux drapés lourds et aux formes nobles une douceur mystérieuse ; ses compositions conjuguent avec bonheur rigueur majestueuse et intériorité impénétrable.

Son art est marqué par sa culture humaniste, qui donne une profonde signification au contenu littéraire de ses œuvres, que contrebalance cependant un sens aigu de la forme. Ami de Böcklin, proche de von Marées, exact contemporain de Puvis de Chavannes, il s'oppose à Piloty et Makart. Il fut peu compris par ses contemporains et n'eut pratiquement pas de continuateurs.