Thomas Eakins

Thomas Eakins, Addie habillée en noir
Thomas Eakins, Addie habillée en noir

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre américain (Philadelphie 1844  – id.  1916).

Il entra en 1861 à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts et suivit également des cours d'anatomie au Jefferson Medical College. En 1866, il va compléter sa formation en France, entre dans l'atelier de Gérôme, où il pratique avec assiduité le dessin. Il travailla également avec A. Dumont et Léon Bonnat et fut influencé par les œuvres de Rembrandt et de Gustave Courbet. Un séjour en Espagne (1869-70) lui révèle Velázquez et Ribera et le confirme dans sa propre conception du Réalisme.

Il ne quittera plus Philadelphie après son retour (1870) et sera par excellence l'interprète de la classe urbaine moyenne par ses portraits, ses scènes d'intérieur et de plein air (Max Schmitt à l'aviron, 1871, Metropolitan Museum). Il considérait la peinture comme un document scientifique, proche des mathématiques, dont il aimait l'exercice, et de la photo, qu'il pratiquait beaucoup (études de nus masculins en plein air, posant et en mouvement). Il travailla ainsi avec E. Muybridge sur les expériences de photographie du mouvement (1884). La Clinique du docteur Gross (1875, Philadelphie, Jefferson Medical College) est un témoignage sur le drame de la science luttant contre la maladie et la mort, mais illustre surtout sa grande foi dans le progrès scientifique. Elle fut cependant refusée à l'exposition centennale de Philadelphie et son sujet fit scandale. Eakins devait longtemps ressentir cet échec.

Les scènes de plein air, précises et lumineuses, sont consacrées souvent aux courses d'aviron disputées sur la Schuylkill River (la Course des frères Biglin, Washington, N. G.), ainsi qu'à la baignade, aux nageurs nus (The Swimming Hole, 1883, Fort Worth, Texas, Art Center Museum). Il manifesta aussi son intérêt pour la boxe et l'atmosphère du ring (Entre deux rounds, 1899, Philadelphie, Museum of Art) et pour la condition sociale des Noirs (la Chasse au râle, New Haven, Yale University Art Gal.). Ses portraits constituent une part importante de son œuvre ; leur vérité et leur qualité les rendent parfois dignes de ceux de Courbet (le Penseur, portrait de L. N. Kenton, 1900, New York, Metropolitan Museum). Un des plus célèbres est celui de son illustre contemporain et ami Walt Whitman (1887, Philadelphie, Pennsylvania Academy of Fine Arts), qu'il photographia également. Professeur à l'Académie (1877), il en devint directeur en 1882. Il réforma l'organisation des cours, insistant sur l'anatomie (étude du nu, dissection, conférences scientifiques) et incitant à peindre à l'huile dès le début des études. Tout cela fut relativement mal accueilli par une partie des élèves et des parents, et Eakins fut contraint de démissionner (1886).

Eakins n'obtint pas de réel succès de son vivant (il ne fut élu à la N. A. D. qu'en 1902). Mais il est, avec Homer, le principal représentant du Réalisme américain de son temps et il retint l'attention des " Pop Artists " des années 60. La plupart de ses œuvres se trouvent au Museum of Art de Philadelphie, au Metropolitan Museum, à la Corcoran Gal. de Washington, au Brooklyn Museum de New York et à l'Art Center Museum de Fort Worth (Texas). Une exposition Eakins a été présentée (Washington, N. G. of Art) en 1996.

Thomas Eakins, Addie habillée en noir
Thomas Eakins, Addie habillée en noir