Mary Cassatt
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre américain (Allegheny City, auj. Pittsburgh, 1844 – château de Beaufresne, Mesnil-Théribus, Oise, 1926).
Étroitement liée à l'histoire du mouvement impressionniste, la carrière de Mary Cassatt se déroula en majeure partie en France, sa patrie d'élection.
Née dans une riche famille de Pittsburgh, l'artiste passa son enfance en Allemagne et en France (1851-1858), avant de se former à la Pennsylvania Academy of Fine Arts de Philadelphie (1861-1865), voyagea en Italie, notamment à Parme, où elle étudia Corrège (1872), et en Espagne, où elle fit de même avec Velázquez (1875). À Paris, elle fréquenta l'atelier de Chaplin (1866), mais Degas, qui avait remarqué ses envois au Salon (1872, 1873, 1874 et 1876), devint son conseiller et l'invita à se joindre aux impressionnistes (1877) à la suite du refus, par le Salon de 1876, de sa Jeune Mariée (Montclair, N. J., Montclair Art Museum). Dès lors, elle participa à leurs expositions (1877, 1879, 1880, 1881, 1886) et se révéla comme la meilleure représentante féminine de ce mouvement.
Toutefois, elle conserva une personnalité très marquée au sein du groupe, illustrée par sa longue amitié avec Degas. La figure humaine l'occupa exclusivement, en particulier le thème de la mère et de l'enfant, qu'elle illustra sa vie durant. Empruntant à Renoir l'éclat lumineux des chairs et des étoffes (la Loge, 1878-79), elle ne néglige pas le dessin, qu'elle rend aussi vrai et aussi peu conventionnel que possible. Comme Degas, c'est la vérité du geste qu'elle retient, dépouillant de tout artifice les images de la vie quotidienne : Mère et enfant sur fond vert ou Maternité, 1897, (Louvre, département des Arts graphiques, fonds Orsay).
L'influence de Degas est particulièrement sensible dans les pastels, les dessins et les gravures, qu'elle multiplia à la fin de sa vie. L'exposition d'estampes japonaises qu'elle avait visitée en compagnie du peintre en 1890 lui inspira une série d'estampes en couleurs, remarquable par la précision du trait et la valeur expressive du dessin. Elle pratiqua également la pointe sèche et l'aquatinte et tient une bonne place, aujourd'hui réévaluée, dans le cercle des graveurs impressionnistes.
Mary Cassatt consacra les dernières années de sa vie à faire connaître la peinture impressionniste aux États-Unis, où elle-même n'atteignit la notoriété qu'avec une peinture murale commandée par son amie Mrs Potter Palmer pour l'exposition de Chicago, la Femme moderne (1892-93, auj. perdue). Elle possédait elle-même une importante collection et conseilla plusieurs amateurs comme son frère Alexander Cassatt, James Stillmann, Mrs Palmer et surtout Horace et Louisine Havemeyer : c'est en partie grâce à ses efforts que les musées américains possèdent de nos jours de magnifiques ensembles de cette école. On peut approuver le jugement que Gauguin exprima à son sujet ; comparant ses envois à ceux de Berthe Morisot, il déclara : " Miss Cassatt possède autant de charme, mais plus de force. " Atteinte d'une maladie des yeux, elle arrêta de peindre vers 1914.
Mary Cassatt est représentée à Paris (musée d'Orsay et Petit Palais) et surtout dans les musées américains : la Dame à la table à thé, 1883-1885, Metropolitan Museum ; Promenade en barque, 1893, Washington, N. G. ; Femme et Enfant conduisant, v. 1880, Philadelphie, Museum of Art ; Alexander J. Cassatt et son fils, 1885 ; le Bain, 1891-92, Chicago, Art Inst. ; À l'Opéra, v. 1880, Boston, M. F. A. ; la Tasse de thé, id. ; Après le bain, v. 1901, musée de Cleveland.