Giovanni Battista Caracciolo
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre italien (Naples v. 1570 – id. 1637).
Il fut le premier et le plus prestigieux des maîtres de la grande peinture napolitaine du xviie s. Avec lui s'affirme l'orientation moderne de l'art à Naples, qui met fin aux nombreuses expériences encore maniéristes d'origine romano-florentine et vénitienne qu'avaient fait prévaloir au début du siècle des artistes comme B. Corenzio, F. Santafede, Curia, Imparato ou Forlí. Battistello, au contraire, s'inspire directement de Caravage, dont il étudie non seulement les œuvres laissées dans les églises napolitaines (séjours de 1606-07 et 1609-10), mais aussi celles qui furent exécutées à Rome.
Dès ses débuts, Battistello opte ainsi pour un luminisme constructif, qui se révèle parmi les plus " engagés ", même par rapport aux expériences romaines. En revanche, la recherche naturaliste apparaît déjà chez lui, dès cette première phase, fort estompée et fort éloignée de celle qu'on aurait pu penser trouver dans l'interprétation d'un peintre aussi directement lié à l'enseignement de Caravage. Cet enseignement se révèle pleinement dans la Libération de saint Pierre peinte en 1615 pour l'église du Pio Monte della Misericordia, où, quelques années auparavant, Caravage avait exécuté pour le maître-autel ses Sept Œuvres de miséricorde, et dans tout un groupe d'œuvres encore conservées dans différentes églises napolitaines (Immaculée Conception, S. Maria della Stella, 1607 ; Trinitas Terrestris, Pietà dei Turchini, 1617 ; Miracle de saint Antoine, S. Giorgio dei Genovesi).
Battistello tenta toujours de valoriser les volumes de la composition grâce à l'incidence de la lumière, même lorsque, à la suite de nouvelles expériences à Rome (voyage dont parle De Dominici) et à Florence, il renonça définitivement à une représentation précise et naturaliste. Il adopta alors un formalisme solennel, attitude à laquelle n'étaient pas étrangers le succès d'Annibale Carracci à la galerie Farnèse et l'impression ressentie au contact direct des grands modèles florentins du cinquecento (le Lavement des pieds, S. Martino, 1622). Ainsi s'explique ce curieux accent qui rappelle presque les débuts du Maniérisme et qui, malgré la modernité de son langage, semble caractériser la position unique de Caracciolo au sein de la peinture napolitaine du xviie s. : un initiateur, un intermédiaire et pourtant un isolé.
L'utilisation de la lumière coupante, qui révèle et exalte les surfaces, caractérise les œuvres les plus anciennes. Plus tard, la palette s'éclaircira de plus en plus ; le goût pour l'exaltation des volumes se traduira désormais, grâce à une nouvelle sensibilité chromatique, par la manière de disposer les couleurs, variées et recherchées, comme un encastrement de matières précieuses d'une pureté minérale.
Battistello déploie aussi une grande activité de fresquiste. Il donne à ses visions monumentales et sévères une gamme inattendue de couleurs claires et lumineuses, dans lesquelles éclate sa nostalgie pour les anciennes cadences formelles du xvie s. : désaccord profond que seule une forte intuition dissipe. On retrouve ses fresques dans de nombreuses églises napolitaines : S. Teresa agli Studi (1617), église de la chartreuse de S. Martino (chapelle dell'Assunta, 1623-26 ; chapelle S. Gennaro, vers 1631-33), S. Maria la Nova (chapelle Severino, 1623-24), oratoire dei Nobili au Gesù Nuovo (où son œuvre fut achevée par Lanfranco). Dans le cycle de fresques de la chapelle dell' Assunta à S. Diego all' Ospedaletto (après 1631), enfin, la série de paysages des lunettes révèle un nouvel aspect de l'art de Battistello, nettement marqué, malgré tout, par l'exemple des Carrache. Une exposition rétrospective a été organisée à Naples (Castel Sant' Elmo) en 1991.