sir Edward Burne-Jones
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre britannique (Birmingham 1833 – Londres 1898).
Il fit ses études à la King Edward's School de Birmingham. À l'origine, il se destinait aux ordres, mais, à Oxford, il se lia avec William Morris, avec qui il partageait la même admiration pour l'illustration d'Elfin Mere d'Allingham, exécutée par D. G. Rossetti. En 1855, les deux amis se rendirent en France, notamment à Beauvais, où Burne-Jones admira la cathédrale, symbole de l'art médiéval, à la suite de quoi tous deux décidèrent de s'abandonner à leur vocation artistique. Rossetti, dont il fit la connaissance en 1856, l'encouragea à peindre. Ils fondèrent alors avec Morris le second groupe préraphaélite et, conformément à leur esthétique néo-médiévale, exécutèrent les fresques de l'Oxford Union (1857). Burne-Jones s'inspirait encore de Rossetti, comme on peut le voir dans Clerk Saunders (1861, Londres, Tate Gal.), mais, après deux voyages en Italie (1859 et 1862, ce dernier avec Ruskin), il commença à s'intéresser aux primitifs italiens, en particulier à Botticelli et Mantegna, sans ignorer pourtant Michel-Ange. Membre de la Royal Water Colour Society de 1864 à 1870, il se révéla par ses peintures à l'huile lors de l'exposition inaugurale à la gal. Grosvenor, où il exposa 8 toiles en 1877. Il exposa durant dix ans dans cette galerie, foyer du nouveau préraphaélisme, puis à la New Gallery. Sa réputation grandit et atteignit son apogée quand on le désigna, avec Leighton, représentant de la Grande-Bretagne à l'Exposition internationale française de 1882 à Paris, où il avait déjà exposé à l'Exposition universelle de 1878 (l'Enchantement de Merlin, 1874, Port Sunlight, Lady Lever Art Gal.). Il fut anobli en 1894. À cette époque, il dessinait pour Morris, son œuvre la plus remarquable étant l'illustration de Chaucer pour la Kelmscott Press (1896). Il avait en effet été avec Webb et Morris l'un des directeurs de la firme fondée par ce dernier en 1861. Il y eut une forte influence stylistique, en même temps que cette activité orientait ses propres recherches. Refusant la réalité contemporaine (sauf pour de rares portraits), il illustre des sujets médiévaux ou antiques, mais toujours chargés d'un symbolisme qui doit beaucoup à la poésie de W. Morris. Il peint volontiers des cycles évoquant, en plusieurs épisodes, un mythe ou une légende : l'Histoire de Pygmalion (1869-1879), au City Museum de Birmingham ; The Briar Rose (" la Belle au bois dormant " d'après Tennyson), suite de 6 tableaux peints de 1871 à 1890 et dont l'exposition à Londres en 1890 fit sensation (Buscot Park, coll. lord Farington ; une deuxième série en 3 tableaux au musée de Ponce à Porto Rico) ; l'Histoire de Persée, en 11 compositions inspirées par le Paradis terrestre de Morris, peintes à partir de 1875 pour lord Balfour et qui se trouvent auj. à la Staatsgal. de Stuttgart (une deuxième série, à l'aquarelle, au musée de Southampton). Parmi ses autres peintures les plus significatives, on doit citer : le Miroir de Vénus (1872-1877, Lisbonne, fondation Gulbenkian), Laus Veneris (1873-1875, musée de Newcastle), l'Escalier d'or (1880, Londres, Tate Gal.), le Roi Cophetua et la mendiante (1884, id.), qui est sans doute son œuvre la plus populaire, la Roue de la Fortune (1883, Paris, musée d'Orsay), le Jardin de Pan (1887, Melbourne, N. G.), l'Amour sur les ruines (1894, Wightwick Manor, National Trust). Il fut, comme la plupart des préraphaélites, un dessinateur inventif et sensible, notamment dans l'aquarelle (The Flower-Book, 1882-1898, British Museum), et réalisa de nombreux cartons pour des vitraux (églises de Dundee, de Gasthampstead, d'Allerton et d'Édimbourg) et des tapisseries.
Burne-Jones connut une gloire internationale, ses contemporains jugeant irrésistible la grâce de ses figures pensives, d'une beauté idéale évoquant nostalgiquement le passé. Après une période d'oubli, voire de mépris, l'œuvre de Burne-Jones retrouve de nos jours des admirateurs fervents, à la faveur du renouveau d'intérêt ressenti pour le Symbolisme, dont il fut l'un des prophètes (un artiste comme Khnopff lui doit beaucoup), et parce qu'on perçoit plus clairement aujourd'hui la prenante singularité de sa vision poétique et le modernisme de son style, lié aux recherches les plus audacieuses de l'Art nouveau. Une rétrospective a été consacrée à l'artiste (Londres, Southampton, Birmingham) en 1975-76.