Jean-Michel Atlan
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre français (Constantine 1913 – Paris 1960).
Il vient à Paris en 1930 pour étudier la philosophie à la Sorbonne et consacre son diplôme à l'étude de la Dialectique marxiste. C'est en 1941 seulement qu'il commence à peindre et à dessiner, en même temps qu'il écrit des poèmes (le Sang profond, 1944) et s'intéresse en particulier aux religions extrême-orientales et à la magie africaine. Interrompu par les vicissitudes de son existence sous l'Occupation, il ne se consacre exclusivement à la peinture qu'à partir de 1944. Il manifeste d'abord une tendance à la figuration imaginaire, qu'il associe à une animation informelle de la matière picturale pour satisfaire une activité gestuelle rythmique, d'où son style original devait finalement se dégager vers 1950. Atlan avait connu une première période de succès entre 1945 et 1948, qui fut suivie d'une éclipse plus ou moins volontaire d'une dizaine d'années. Il fallut attendre 1956 pour qu'une grande exposition (Paris, gal. Bing) remette Atlan à l'honneur. Entre-temps, son œuvre avait trouvé sa forme définitive dans le sombre tracé onduleux d'étranges entités totémiques, fondé sur le rythme créateur de signes et de formes auquel l'artiste était vivement sensibilisé et qu'il reconnaissait dans les forces fondamentales de la nature. Aussi a-t-il toujours refusé de se considérer comme un peintre vraiment " abstrait ", bien qu'il ait constamment écarté la figuration réaliste. Son inspiration, stimulée par ses origines judéoberbères et son enracinement en terre africaine, avait, de son propre aveu, un double foyer : l'érotisme et le magique, sinon la mystique. Sur le plan technique, il obtenait dans ses toiles à l'essence et à la détrempe la matité de la fresque et la pulvérulence du pastel — qu'il a souvent pratiqué — par un travail subtil. Atlan a aussi exécuté de nombreuses lithographies. Une exposition des œuvres d'Atlan dans les collections publiques françaises fut présentée au M. N. A. M., Paris, en 1980. Son œuvre de 1940 à 1954 fit l'objet d'une exposition au musée des Beaux-Arts de Nantes en 1986. Il est représenté notamment à Paris (M. N. A. M. : la Kahena, 1958 ; Mésopotamie, id.), à Londres (Tate Gal. : Baal guerrier, 1953), à New York (M. O. M. A.), à Cologne, à Stuttgart et à Tōkyō.