Cosmas Damian Asam
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre et architecte allemand (Benediktbeuern 1686 – Munich 1739).
Son frère Egid Quirin (1692-1750) , sculpteur et stucateur, fut son collaborateur. Après la mort de leur père, Hans Georg (1649-1711) , qui leur avait appris la technique de la fresque, ils allèrent compléter leur formation à Rome (1712-1714). Les décors des églises d'Ensdorf (1714), de Michelsfeld (1716), d'Amberg (1717), exécutés à leur retour, sont encore traditionnels, et ce n'est qu'à Weingarten (1717, décor des six travées de la nef et de la coupole du carré du transept) qu'Asam met en application les principes d'Andrea Pozzo. L'une des travées répète très exactement l'architecture réelle en quadrature sur la voûte ; cette continuation illusionniste de l'espace vrai est destinée à donner plus de vraisemblance à l'apparition divine dans la coupole à ciel ouvert, représentant la Vision de saint Benoît. À Aldersbach (1720), il tenta, pour la première fois, de dissimuler l'architecture au moyen du stuc, qui sert ainsi de relais à la peinture. L'esthétique d'Asam est parfaitement au point à l'église de Weltenburg (1721, Glorification de la Vierge à la coupole) dont il est également l'architecte. L'espace clos avec une trouée permettant l'intervention du monde céleste est exploité dans l'Adoration des bergers à la voûte de l'église d'Einsiedeln (1724-1726), où la complexité de la composition et la profusion des figures répondent au décor rococo sinueux et pesant. Le plafond de S. Maria Victoria à Ingolstadt : Marie, reine du monde (1732-1736), se développe en hauteur. Les personnages figurant les quatre parties du monde occupent les angles et la zone inférieure ; puis, à partir d'une série de scènes en paliers, on accède à une grande architecture triomphale abritant Marie et traitée avec tous les artifices de l'illusionnisme ; enfin les nuances d'un coloris léger et dématérialisé caractérisent le monde divin. Cette œuvre majeure influencera bien des peintres d'Allemagne du Sud (Strauder, Kraus, Hermann, Wenzinger, Zeiller), des peintres tessinois (Giorgioli, Torricelli) et milanais (Appiani). Dans les œuvres profanes, tel le Triomphe d'Apollon (1730) qui décore un plafond octogonal du château d'Alteglofsheim, son talent se déploie avec une aisance encore plus grande, évidente dans la liberté des mouvements, l'éclatant coloris aux dominantes violet et or et le dessin libre avec une tendance à la déformation. La renommée d'Asam le fit appeler dans tout le monde germanique, jusqu'en Silésie ainsi qu'à Prague. S'inscrivant dans la lignée des grands fresquistes italiens, il représente le sommet du Baroque tardif et annonce le Rococo bavarois.