Arnoult de Nimègue
dit aussi Aert van Oort, Aert Ortkens, Arnoult de la Pointe
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre verrier néerlandais (Nimègue av. 1480 – Anvers [ ?] apr. 1538).
Actif à Tournai, où il signe trois vitraux pour la cathédrale (Fuite de Chilpéric, signé Arnt Nimèg [ue]), puis à Rouen de 1502 à 1512, où il exécute pour Saint-Romain le Martyre de saint Étienne (vitrail signé Arnoult de Nimèg [ue]) et pour Saint-Godart un Arbre de Jessé (vitrail signé Arnoult de la Pointe, daté 1506), il devient maître à Anvers en 1513 et travaille pour la cour de Malines. Dürer lui rend visite en 1521. Arnoult de Nimègue est célébré à l'égal de Vellert, autre peintre verrier, par les écrivains Noviomagus (1522) et Giucciardini (1567), qui voit en lui le créateur de la peinture en " apprêt ". Son cas est très caractéristique de la pénétration des artistes des Pays-Bas en France au xvie s. et explique la diffusion des idées maniéristes anversoises. D'autres vitraux lui ont été attribués par comparaison de style : à Notre-Dame de Louviers (vitrail des Trois Marie, v. 1526), à Sainte-Foy de Conches (vitrail de Saint Adrien et Saint Romain), à Saint-Ouen de Rouen.
Représentant d'un traditionalisme flamand nuancé de réalisme néerlandais, Arnoult de Nimègue s'ouvrit peu à peu à la Renaissance, d'abord sous l'influence de Dürer et des artistes de Gaillon, puis au contact de Metsys, et finit par adopter un style ouvertement " romaniste ". Il excella dans le portrait comme tant de Hollandais. Beaucoup de ses vitraux, provenant notamment de Malines et de Rouen, ont été vendus et transférés au xixe s. en Grande-Bretagne.
Belle résurrection de l'érudition contemporaine, remontant à 1911, le regroupement d'œuvres opéré sous le nom d'Arnoult de Nimègue, alias Aert Ortkens, s'est vu récemment contesté par quelques historiens au profit d'un certain Adrien Van den Houte, originaire de Malines, qui, ayant peut-être été l'élève d'Arnoult de Nimègue, se verrait attribuer certaines œuvres du groupe Arnoult de Nimègue-Ortkens. L'identification d'Aert Ortkens, connu essentiellement par ses dessins, avec le peintre verrier Arnoult de Nimègue — thèse soutenue par l'historien Friedländer — n'est pas acceptée de tous.