Ambrogio da Fossano, dit Bergognone ou Ambrogio da Fossano, dit Borgognone

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien documenté à Milan 1481-1522.

Dans ses premières œuvres, telles que la Pietà (La Gazzada, villa Cagnola) et la Déposition (musée de Budapest), certainement commencées v. 1480, Bergognone, bien qu'influencé par Foppa, apparaît intimement lié au goût flamand de la lumière et de la couleur que lui transmit peut-être le mystérieux Zanetto Bugatto, élève de Rogier Van der Weyden, ou qu'il emprunta à l'art ligure. Les grands retables représentant la Madone et l'Enfant avec des saints (Milan, Ambrosiana, provenant de l'église S. Pietro in Ciel d'Oro à Pavie ; Arona, collégiale), qu'il exécuta entre 1480 et 1490, tout en suivant le plan de composition innové par Giovanni Bellini, se réfèrent plus directement à Foppa, mais avec une raideur d'icône et un emploi fastueux des ors qui alourdiront toujours un peu les grandes œuvres " officielles " de Bergognone. De 1488 à 1494 date la première phase de ses travaux à la chartreuse de Pavie, qui fut aussi la plus fructueuse. On sait par les documents que Bergognone y exécuta 9 retables au moins, dont 7 subsistent : 4 sont encore en place, 1 se trouve à la N. G. de Londres (la Madone et l'Enfant avec les deux saintes Catherine) et 1 au musée de Pavie. Les fragments d'un 7e retable sont conservés à la chartreuse de Pavie et à Milan (coll. part.). La Crucifixion (1490, chartreuse de Pavie) et le Christ portant sa croix (musée de Pavie) sont les chefs-d'œuvre de cette série. La rigidité de l'agencement figuratif est compensée et, pour ainsi dire, effacée par la sensibilité et la vérité de la lumière jouant sur les étonnants fonds naturels, qui constituent le meilleur de l'art de Bergognone. Ce même lyrisme, cette même délicatesse argentée dans le jeu des couleurs, dans lequel persiste le goût flamand, sont exaltés dans les œuvres mineures que l'on peut rattacher à cette série : prédelles avec les Scènes de la vie de saint Ambroise (Turin, Gal. Sabauda ; Bergame, Accad. Carrara ; musée de Bâle) et avec les Scènes de la vie de saint Benoît (musée de Nantes et Milan, Castello Sforzesco) ainsi que les célèbres Madones à l'Enfant, peintes dans l'atmosphère de paysages réalistes, typiquement lombards (Madone allaitant, Bergame, Accad. Carrara ; Madone au chartreux, Brera). Bergognone décora également de fresques le transept de l'église de la chartreuse.

Dans la période suivante (Christ portant sa croix, 1501, Londres, N. G. ; le Couronnement de la Vierge, fresque, v. 1508, Milan, voûte de l'abside de S. Simpliciano), il chercha à renforcer plastiquement les formes en accentuant le clair-obscur sous l'influence de Léonard de Vinci. Il faut insérer dans cette période faste de la peinture de Bergognone la Déploration du Christ avec saint Jean-Baptiste du Petit Palais à Avignon. Dans les 4 " pale " des Scènes de la vie de Marie, à l'église de l'Incoronata de Lodi (entre 1500 et 1510), il tenta d'unir des personnages inspirés de Vinci, mais alourdis de fastueux décors architectoniques dans le style de Bramante, à ses échappées vers le paysage, qui restent admirables bien que, désormais, incohérentes. Le polyptyque de S. Spirito (Bergame, 1508), les Saints Roch et Sébastien (Milan, coll. part.) et les fresques de la sacristie de S. Maria della Passione à Milan reflètent encore une réelle qualité artistique, tandis que le Couronnement de la Vierge (1522, Brera) marque une incontestable décadence. L'art de Bergognone n'est pas sans postérité : ses paysages, comme l'a souligné Longhi, préludent au " goût de la réalité " que montrèrent les Brescians du xvie s., tandis que la douceur piétiste de ses sujets religieux marque l'œuvre de certains Lombards influencés par Vinci, celle de Luini et même encore celle des maniéristes de la fin du xvie s.