manuscrits de la mer Morte
Manuscrits anciens écrits en araméen ou en hébreu, découverts entre 1946 et 1956 dans des grottes, près du site de Qumran, sur la rive nord-ouest de la mer Morte.
Ces documents (600 manuscrits ou fragments de manuscrits) comprennent, d'une part, des textes bibliques et apocryphes juifs, d'autre part des écrits propres à la secte religieuse qui vivait à Qumran et en laquelle la majorité des historiens reconnaît des esséniens. Datés d'une période qui s'étend du iie s. avant J.-C. au ier siècle de notre ère, ces textes se sont révélés d'une grande importance pour l'histoire du judaïsme et des origines chrétiennes.
Ils facilitent une meilleure connaissance des textes bibliques et de la pensée juive dans les années proches de l'ère chrétienne. Pour ce qui touche au Nouveau Testament, ils permettent de poser sous un nouvel éclairage l'histoire des origines chrétiennes et de mieux comprendre le message évangélique. Le thème de la « lumière » et des « ténèbres » des écrits johanniques se retrouve dans la théologie qumranienne.
Nombre de règles de vie pratique dénotent une influence de Qumran sur la première communauté chrétienne : refus du serment, mise en commun de tous les biens, préférence donnée à la continence sur le mariage et, chose remarquable, interdiction du divorce, pourtant permis par la loi juive.
Ces ressemblances ne doivent pas masquer les divergences avec la doctrine chrétienne : les « baptêmes » ou ablutions quotidiennes ne possèdent pas la valeur spécifique du baptême chrétien ; il y a une ouverture au monde païen et le commandement de l'amour est étendu aux ennemis.
En résumé, on peut dire que, si les sectaires de Qumran n'avaient pas existé, l'essentiel de la doctrine n'aurait pas été sensiblement modifié (compte tenu de la tradition judaïque), mais en de nombreux points elle aurait été exprimée de façon différente. Sous l'appellation générique de « manuscrits de la mer Morte », on range aussi un des documents de la période romano-byzantine découverts en 1951-1952 au sud de Qumran, dont les principaux (lettres, actes administratifs) datent de la révolte de Bar-Kokhba (132-135).