Mathis le peintre

Opéra en sept tableaux de Paul Hindemith (1938, Zurich). Livret de Paul Hindemith d'après le Retable d'Issenheim de Matthias Grünewald.

Le personnage principal de cet opéra est le peintre Mathias Grünewald, qui, lors de la guerre des Paysans en 1525, s'était rangé aux côtés des insurgés. Témoin des cruautés et des exactions des deux partis, révoltés et confédérés, le peintre désemparé est assailli par deux visions successives – le Concert des anges, la Tentation de saint Antoine – que lui explique saint Paul : le rôle de l'artiste n'est pas de participer au bruit et à la fureur de la guerre, mais de témoigner par son art de la gloire de Dieu et de la foi du peuple. À travers cette fresque historique, le compositeur pose le problème de l'artiste face au monde contemporain et aux événements politiques.

Le compositeur use, dans cette œuvre majeure, d'une technique particulière, où chaque scène est accompagnée d'un thème propre et où les voix fusionnent avec l'orchestre dans une trame quasi polyphonique. Le recours à de vieux chants allemands accentue l'aspect naïf et populaire de ce « mystère médiéval » dans lequel P. Hindemith évite toute dramatisation excessive.

La création de Mathis le peintre, qui devait avoir lieu en 1934 sous la direction de Wilhelm Furtwängler, fut interdite par les nazis et fut finalement donnée à Zurich le 28 mai 1938.