Lady Macbeth de Mzensk

Opéra en quatre actes et neuf scènes de Dmitri Chostakovitch, livret d'Alexandre Preis et de Dmitri Chostakovitch, d'après  la nouvelle de Nikolai Leskov ( 22 janvier 1934, Théâtre Maly de Leningrad).

Lady Macbeth de Mzensk est le deuxième opéra d'un compositeur âgé de 26 ans, après le Nez (1930) d'après Gogol. Chostakovitch en commença la composition alors que le précédent était encore représenté au Théâtre Maly de Leningrad.

Le sujet était tiré, comme pour le Nez, de la littérature russe du xixe s. Lors de l'écriture du livret, le compositeur et son librettiste n'opérèrent que quelques modifications à la nouvelle, qui eurent toutes pour objet d'étoffer la personnalité de l'héroïne, de justifier ses crimes afin de tenter de la rendre plus sympathique au public.

Katerina mène une vie terne et simple entre son mari et son beau-père. L'arrivé d'un nouveau commis, Sergueï, qui ne tarde pas à la séduire, va bouleverser cette routine.

Après avoir empoisonné le beau-père avec de la mort-aux-rats et étranglé le mari, Katerina et Sergueï se marient. Mais l'arrivé de la police, à la suite de la découverte du cadavre du mari, interrompt les réjouissances. Le couple est arrêté.

En route vers la Sibérie avec d'autres forçats, Sergueï a abandonné Katerina pour séduire Sonyetka, une autre bagnarde. Irritée par cette tromperie, Katerina pousse cette dernière dans une rivière où les deux femmes se noient.

L'opéra, achevé en décembre 1932, devait à l'origine constituer le premier volet d'une trilogie consacrée à la condition féminine à différentes époques de l'histoire russe. Chostakovitch n'en composa, hélas, que le premier volet. Bien accueilli à sa création, Lady Macbeth de Mzensk fut représenté plus de 200 fois en deux ans à Leningrad et à Moscou, pendant que l'Europe et les Amériques découvraient également cette œuvre.

Le traitement de l'aspect sexuel du livret et de sa violence donne à cet opéra, considéré comme le premier de l'ère soviétique, un côté vériste, proche des œuvres italiennes du tournant du siècle, par l'expression des passions humaines les plus simples et les plus immédiates.

Une telle œuvre ne pouvait laisser les autorités soviétiques indifférentes. L'attaque dont l'opéra fut victime dans la Pravda du 28 janvier 1936 (« des bruits de mélodie, des embryons de phrases musicales sombrent, s'échappent et se perdent dans le tapage, les grondements, les grincements… La musique glousse, gronde, halète, souffle afin de figurer avec naturalisme les scènes d'amour… C'est là un chaos gauchiste et non une musique naturelle, à l'échelle humaine ») devait décourager Chostakovitch d'écrire d'autres opéras. Bien entendu, cet ouvrage, non conforme aux projets du réalisme socialiste, fut rapidement supprimé du répertoire, et il fallut attendre la mort de Staline, en 1953, et la révision de la partition par le compositeur lui-même pour que Lady Macbeth de Mzensk retrouve la scène en 1963, sous le titre Katerina Ismaïlova. À la fin des années 1970, la version originale fut réhabilitée et remplaça définitivement Katerina Ismaïlova en dehors de la Russie, où la partition révisée est considérée comme définitive.