l'Importance des merveilles

Peinture de René Magritte (1927). Huile sur toile.

Ce tableau représente une étape de la réflexion de Magritte sur la peinture. Une partie du mystère de l'œuvre tient à la distance établie volontairement par l'artiste entre le titre et le tableau. Il semble n'y avoir, à première vue, aucun rapport entre ce titre et le sujet représenté : un personnage féminin au corps découpé en parties qui s'emboîtent les unes dans les autres comme des poupées russes. Mais on peut se demander si le travail du spectateur n'est pas d'inventer lui-même le lien entre ces deux réalités hétérogènes, en réalisant, par exemple, qu'en donnant aux parties du corps des tailles différentes le peintre introduit une hiérarchie dans les « merveilles ». À cela s'ajoute l'effet d'irréalité obtenu par un corps nu peint comme un objet. Ne serait-ce pas là une ironie à l'égard du culte de la femme et de l'amour que professe André Breton, et dans lequel Magritte semble ne reconnaître qu'un des derniers avatars du thème de la femme-objet ?