transcription

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Adaptation, à l'usage d'un instrument ou groupe d'instruments, d'une composition musicale dont la version primitive était destinée à la voix ou à d'autres instruments .

Jusqu'à la fin du xviiie siècle, la transcription était d'autant plus couramment pratiquée que la plupart des compositeurs n'avaient pas un souci exagéré de la couleur instrumentale. Il paraissait naturel qu'une chanson populaire fût transformée en pièce pour orgue, ou qu'un concerto pour flûte fût joué par un hautbois, un violon ou même un clavecin.

Toutefois, c'est au xixe siècle que se situe l'âge d'or de la transcription, celle-ci ayant pour but de mettre n'importe quelle musique à la portée de l'amateur qui joue d'un instrument populaire ou très répandu : piano (à deux ou quatre mains), harmonium, accordéon, violon, flûte, mandoline ou guitare. De la plus savante réduction pour piano d'une partition d'orchestre à la plus ridicule fantaisie sur Don Juan pour cornet à pistons, cette pratique a largement contribué à la diffusion des grandes œuvres symphoniques et lyriques. Aussi presque tous les compositeurs ont-ils autorisé de semblables arrangements, quand ils ne les ont pas faits eux-mêmes.

Parmi les grands musiciens de l'époque romantique, le champion de la transcription est sans doute Liszt, qui a signé la version pianistique de six préludes et fugues pour orgue de Bach, des neuf symphonies de Beethoven, de la Symphonie fantastique de Berlioz, de l'ouverture de Tannhäuser, d'une soixantaine de lieder de Schubert et de quantité d'autres, sans parler de nombreuses paraphrases de concert sur des opéras célèbres.

Par la suite, plus d'une œuvre moderne (Debussy, Liszt, etc.) existe en plusieurs versions instrumentales, et Prokofiev n'a pas hésité à réécrire pour le violon, à l'intention de David Oïstrakh, sa Sonate pour flûte et piano. Les puristes qui condamnent le principe même de la transcription se montrent donc, dans bien des cas, plus royalistes que le roi.

Ajoutons que la transcription, aujourd'hui éliminée par le disque et la radio en tant que moyen de vulgarisation, continue de se rendre utile en fournissant un répertoire soliste aux instruments qui en manquent. Grâce à elle, bien des musiciens du xviiie siècle ont écrit sans le savoir des concertos pour trompette.