tombeau
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
1. Au xviie siècle et au début du xviiie en France, œuvre instrumentale composée par un musicien à la mémoire d'un maître ou d'un ami : le genre se développe d'abord chez les luthistes (E. Gaultier, Tombeau de Mézangeau ; D. Gaultier, Tombeau de M. de l'Enclos), puis chez les clavecinistes (L. Couperin, Tombeau de M. Blancrocher ; Froberger, Tombeau de M. de Blancheroche ; d'Anglebert, Tombeau de Chambonnières) et les violistes (Marais, Tombeau de Lully et de Sainte-Colombe). Le tombeau affecte l'allure d'une danse grave et lente, très proche d'une allemande ; cette forme le distingue des autres genres de déplorations vocales (Du Buisson, Déploration pour la mort de Lambert), à l'allure récitative.
2. Après son éclipse aux xviiie et xixe siècles, le tombeau revient en honneur en France, sous la forme libre d'un hommage rendu par un musicien à un autre : c'est, semble-t-il, à Ravel qu'est due cette résurrection (Tombeau de Couperin, 1917) ; le lien avec la musique française ancienne est en tout cas évident. Les compositeurs y font une profession de foi d'allégeance, soit à un musicien d'autrefois (Migot, Tombeau de Dufault, Tombeau de Grigny ; Dupré, Tombeau de Titelouze), soit rendent hommage à un contemporain : la Revue musicale a suscité, en 1920, un tombeau collectif à Debussy, et en 1936, à Paul Dukas.