musique mécanique

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Technique de reproduction mécanique du son d'un instrument. L'un des principes de base de la musique mécanique est le rouleau, ou cylindre, percé de trous dans lesquels viennent s'emboîter des chevilles, ou taquets.

Il apparaît dès le xive siècle dans les carillons mécaniques du nord de la France et des Flandres. Le xvie siècle voit le développement des orgues mécaniques hydrauliques à jeux de flûte, domaine dans lequel règnent pendant deux siècles les maîtres allemands, en particulier ceux d'Augsburg. Au xviiie siècle, se multiplient les instruments mécaniques sous forme d'automates (ceux de Vaucanson sont restés célèbres, comme le Flûteur et le Provençal), de montres, de tabatières, et apparaissent des pendules à musique, avec carillon et automates. Ces instruments, créés en Suisse par les Jaquet-Droz, peu après 1750, se répandent dans tout le pays, puis en France et en Allemagne (plus particulièrement dans la Forêt-Noire), où on préfère, peu à peu, au système du carillon celui du jeu de flûte des orgues. Leur succès est tel que des musiciens comme Mozart et Haydn composent des pièces pour ces horloges. On voit fleurir, à la même époque, nombre d'ouvrages théoriques sur la musique mécanique, en particulier celui intitulé la tonotechnie ou l'art de noter les cylindres et tout ce qui est susceptible de notage dans les instruments de concert mécaniques du père Engramelle (Paris, 1775). On commence alors à voir des mécanismes imitant non plus un instrument, mais tout un groupe et parfois même un petit orchestre. L'instrument le plus important à cet égard est le panharmonikon (ou panmelodikon) du Viennois J. N. Maelzel, destiné à remplacer une harmonie entière (42 instruments à vent et à percussion), et pour lequel Beethoven composera la Bataille de Vittoria. Le xixe siècle voit se développer deux types de mécanismes. Les premiers orgues de Barbarie (du nom de leur inventeur Barberi) apparaissent en Italie et se répandent, en particulier, à Paris après l'arrivée en 1845 de la famille Gavioli. Cette maison révolutionne la technique en remplaçant, en 1892, le cylindre par un système de cartons perforés pliés sur eux-mêmes et passant par les becs d'un clavier, ce qui permet de graver des pièces très longues. Parmi les facteurs les plus importants, citons les Limonaire, les Mareughi et les Gasparini.

À la même époque, l'industrie des pendules à musique à jeux de flûte de la Forêt-Noire, en voie de disparition, laisse la place à celle des orchestrions. Leur inventeur, Michael Welte, produit en 1848 un orchestrion géant de 524 tuyaux d'orgue, reproduisant tous les timbres et toutes les nuances possibles. On commence alors à se préoccuper de plus en plus de problèmes d'enregistrement et de reproduction du son. Le piano pneumatique, ou pianola, permet, au moyen d'un rouleau de carton se déroulant sous le clavier, d'enregistrer une œuvre en perforant le carton lors de l'exécution, et de reproduire l'interprétation en repassant le rouleau et en actionnant la soufflerie. L'instrument de ce type le plus élaboré est le piano Welte-Mignon.

L'invention du phonographe par Edison en 1877 va révolutionner l'industrie de la musique mécanique. Elle bénéficie encore d'une certaine vogue, au début du siècle, avec les grands orgues de foire et les violons mécaniques (violina), mais sera vite détrônée par l'évolution très rapide des moyens modernes de reproduction du son.