mixolydien

(étym. « mélangé de lydien »)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Terme propre à la musique grecque antique, repris artificiellement au Moyen Âge et jusqu'à nos jours avec des significations souvent divergentes.

1. En musique grecque, le mixolydien est essentiellement l'un des tropes de hauteur qui servaient à l'échelonnement des tons déterminant l'accent des instruments. Alors que les trois tropes primitifs (dorien, phrygien, lydien) se suivaient à un ton de distance, le mixolydien se plaçait à 1/2 ton seulement du lydien, d'où son nom (cette explication donnée par Ptolémée est la seule des nombreuses théories émises à ce sujet qui repose sur une base solide). Par voie de conséquence, comme pour tous les autres tropes, on a donné le nom d'« octave mixolydienne » à la répartition d'intervalles obtenus en diatonique selon ce trope sur l'octave de tessiture moyenne (fa à fa selon le barème fixe de la notation). Cette répartition (fa-sol bémol-la bémol-si bémol-do bémol-bémol-mi bémol-fa) donne les mêmes intervalles qu'une octave sans altération de si à si, ce qui a fait, à tort, considérer par certains (notamment Westphal et l'école de Gevaert) le mixolydien comme un mode de si. Selon Platon et son exégèse par Aristide Quintilien († iie s.), on a aussi donné le nom de mixolydien à un mode archaïque irrégulier du genre enharmonique (mi-mi demi-dièse-fa-sol-la-la demi-dièse-si bémol-mi) sans doute parce que ce mode fut, au dire de Plutarque, transformé plus tard par l'Athénien Lamproclès pour rejoindre l'octave mixolydienne définie ci-dessus (en transposition si-si demi-dièse-doré-mi-mi demi-dièse-fa-si, que Lamproclès transforma en transportant le ton ré-mi au-dessous du si aigu, d'où si-si demi-dièse-do-mi-mi demi-dièse-fa-la-si, forme enharmonique conjointe de l'octave de si).

2. Au ixe siècle, le contresens généralisé qui, à partir du traité anonyme dit Alia musica, fit prendre les noms des tons grecs pour ceux des modes grégoriens, attribua arbitrairement au mixolydien, no 4 de la nomenclature, l'« équivalence du no 4 grégorien, tetrardus authente » ou 7e ton (finale sol, dominante ), de sorte que l'on a souvent attribué depuis lors au mixolydien le sens de mode de sol (majeur sans sensible). Ce sens est encore enseigné actuellement dans d'assez nombreux traités.

3. Enfin, certains auteurs médiévaux, abusés par la description des tons grecs plaçant le mixolydien en haut d'un demi-ton, décrivent le mixolydien comme un mode de fa : cette interprétation abusive se retrouve en 1573 dans la nomenclature de Zarlino, qui la transmet à Mersenne, Jumilhac et quelques autres.

Le terme mixolydien n'est plus guère employé aujourd'hui que par pédantisme, mais on le trouve encore de temps à autre dans l'une ou l'autre des acceptions ci-dessus prises au petit bonheur, pour désigner tantôt le 7e mode grégorien, tantôt l'un des modes de fa, de sol ou de si.

4. Le mode mixolydien existe aussi en musique byzantine et s'applique comme en grégorien au tétrardus authente, numéroté cette fois 4e mode et non 7e ; le contenu musical en est encore différent.