haute-contre

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Abréviation pour l'emploi vocal ténor haute-contre, ou pour le chanteur qui possède cette voix.

Par définition, haute-contre est un doublet de contralto (contre-alto), c'est-à-dire voix proche de la (voix) haute. Le terme est demeuré en usage dans la distribution des parties du chœur, les voix de ténor se répartissant en hautes-contre et en tailles. À titre d'exemple, dans certains de ses chœurs d'opéra, Gluck fit chanter la voix de haute-contre en unisson soit avec les tailles, soit avec les contraltos. L'usage a aujourd'hui retenu ce terme pour désigner un type de ténor, dont la voix s'étend dans le suraigu, grâce à l'emploi habile des résonances de fausset et de tête dans les registres aigus que ne peut atteindre la voix dite de poitrine ; mais, comme tous les ténors utilisent ce genre d'émission, le haute-contre se distingue par sa spécialisation dans un répertoire sollicitant particulièrement les notes élevées de la voix masculine. Au xixe siècle, les Italiens nommaient le haute-contre ténor contraltino, terme que l'on trouve encore dans les traités français du milieu du xixe siècle, appliqué au type de voix correspondant à des rôles tels que ceux d'Arnold dans Guillaume Tell de Rossini, Robert dans Robert le Diable de Meyerbeer, etc., rôles écrits pour le français Adolphe Nourrit (1802-1839). On ne naît pas haute-contre, comme on naît basse, soprano ou contralto, car tout ténor peut devenir haute-contre en renonçant à la richesse des notes centrales et graves de sa tessiture au profit d'une meilleure utilisation du registre aigu (jusqu'au ou mi bémol4). Le haute-contre utilise, en effet, ses résonances de poitrine qu'il lie aux résonances de tête en gravissant la gamme vers l'aigu, au contraire du falsettiste, qui n'utilise que ces dernières sur toute son étendue vocale. La musique française des xviie et xviiie siècles a souvent fait appel au haute-contre ­ notamment dans la musique religieuse ­, le différenciant du ténor taille, ténor grave limité dans l'aigu à ses résonances de poitrine, à peu près l'équivalent du baryton Martin actuel. Cet emploi vocal fut illustré autrefois par Jacques Cochereau (v. 1680-1734), puis par D. F. Tribou (1695-1761), cependant que Pierre Jelyotte (1713-1797), célèbre interprète de Rameau, cumulait les emplois de taille et de haute-contre. Au xixe siècle, on appelait encore ténor contraltino Gilbert Duprez (1806-1896), qui passe pour avoir, le premier, émis le « contre-ut de poitrine ». Par sa phonation, le ténor slave est très voisin du type français de haute-contre, et Rimski-Korsakov, en 1907, écrivit pour cette voix le rôle de l'Astrologue dans le Coq d'or. Plus près de nous, parmi les spécialistes de la musique ancienne chantant en haute-contre, on peut citer Hugues Cuénod, André Mallabrera, Éric Tappy, qui ont remis cette voix à l'honneur.