falsettiste
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Celui qui chante en voix de fausset.
Mais tous les chanteurs masculins ou féminins utilisant partiellement ce registre, l'usage a défini par ce terme le chanteur se servant exclusivement de sa voix de fausset sur toute son étendue vocale, et non pas seulement pour le registre ainsi appelé. C'est le cas des jeunes garçons avant la mue, mais tout chanteur peut le réaliser par une éducation vocale particulière qui exclut toute résonance de poitrine, et qui, par le maintien du larynx en position élevée, parvient à reculer vers le grave la limite naturelle du registre de fausset (dans la définition où les mots fausset et tête sont employés comme synonymes). La voix du falsettiste, dont la tessiture est assez voisine de celle du contralto féminin, est toutefois moins puissante et moins apte aux diverses colorations. On distingue les falsettistes sopranistes et contraltistes, mais on range sous la même appellation les falsettistes « artificiels » et les falsettistes « naturels », ces derniers étant les castrats ou les enfants.
Depuis l'interdit de saint Paul excluant les femmes du chœur de l'église, les parties aiguës de la polyphonie sacrée furent d'abord chantées par les jeunes enfants, mais, ceux-ci ayant rarement les connaissances musicales suffisantes avant l'âge de la mue, il fallut faire appel aux falsettistes, qui furent, à l'époque de la Renaissance, particulièrement réputés en Angleterre, ainsi qu'en Espagne où il semble qu'ils aient acquis une technique venue de l'Orient, mais où les castrats se mêlèrent insensiblement aux falsettistes artificiels. Dans le chant soliste, les falsettistes furent aisément supplantés par les castrats ou par les hautes-contre, et se réfugièrent dans le domaine de la musique de chambre avant que leur emploi ne tombât en désuétude.
Avec la disparition des castrats, les falsettistes réapparurent à l'église et au théâtre, puis on assista à la résurrection de ce type vocal dans la seconde moitié du xxe siècle, notamment avec le disque où la technique de l'enregistrement supplée aisément au faible volume de ces voix. Le pionnier de cette renaissance fut Alfred Deller (1912-1979), bientôt suivi par Russel Oberlin, puis, de nos jours, par James Bowman, Paul Esswood, René Jacobs, etc. Les falsettistes sont parfois appelés improprement contre-ténors ou, par erreur, hautes-contre.
Certains compositeurs tels que Benjamin Britten ont écrit pour cet emploi vocal qui se rencontre également dans de nombreuses expressions du folklore en Afrique noire, au Japon et dans d'autres pays. Sur disque, les falsettistes ont tenté d'interpréter les rôles écrits jadis pour les castrats, bien que leurs voix n'aient ni l'étendue, ni l'éclat, ni l'éventail de coloris de ces derniers.