battue

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Matérialisation des temps de la mesure par un geste ou un bruit pour en assurer la transmission ou la régularité.

Jusqu'au xviie siècle au moins, la battue se faisait par touchements du doigt ou tactus successifs, sans groupement en mesures : on comptait donc 1. 1. 1… Au xviie siècle, avec la généralisation des barres de mesure, on commença à grouper les battues par mesures (par exemple, 1. 2. 3. 1. 2. 3…), en donnant au geste de chaque temps une direction conventionnelle lui permettant d'être à tout moment identifié par les musiciens.

Si la battue à 2 temps est aujourd'hui uniformisée, il n'en est pas de même des autres. À la française, la battue à 3 temps dessine dans l'espace un triangle. Celle à 4 temps dessine un angle droit : 1er temps de haut en bas, 2e de droite à gauche, 3e en retour de gauche à droite, 4e de bas en haut. À 5 temps, elle bat successivement une mesure à 3 temps et une mesure à 2 temps. À l'italienne au contraire, on ignore tous les mouvements latéraux et on ne quitte pas la ligne verticale. C'est la manière française qui est la seule enseignée dans les classes de solfège et de direction d'orchestre.

La musique aléatoire a modifié, pour un secteur de la musique contemporaine, la pratique de la battue, en remplaçant tout ou partie de l'indication des temps par des signaux conventionnels, comportant notamment des indications de numéros de repère, excluant de la part du chef l'usage de la baguette. La main nue, parfois moins précise que la main tenant la baguette, apparaît en revanche plus expressive. Certains chefs, comme Pierre Boulez, ont systématiquement abandonné la baguette en toute circonstance, mais ne semblent pas avoir fait école sur ce point.