Florent Schmitt
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Compositeur français (Blamont, Meurthe-et-Moselle, 1870 – Neuilly-sur-Seine 1958).
Il fait ses premières musicales à Nancy et entre, en 1889, au Conservatoire de Paris, où il a pour professeurs Théodore Dubois et Lavignac (harmonie), Gédalge (fugue), Massenet et Fauré (composition). En 1892, il rencontre Debussy et se lie avec Satie. Quatre ans de suite (1896-1899), il concourt sans succès pour le prix de Rome. En 1900, la cantate Sémiramis lui ouvre enfin les portes de la villa Médicis. Pensionnaire indiscipliné, de 1901 à 1904, il séjourne à Rome le moins longtemps possible. Il visite l'Italie, l'Autriche, l'Allemagne, l'Espagne, la Grèce, la Turquie, la Suède, la Pologne, et trouve néanmoins le temps de composer.
Schmitt met en chantier son Quintette, pour piano et cordes, et achève en octobre 1904 son Psaume XLVII. Le 27 décembre 1906, la première audition du Psaume XLVII est saluée comme un événement. Léon-Paul Fargue écrit qu'« un cratère de musique s'ouvre » et l'humoriste Willy proclame Florent Schmitt « vainqueur du Derby des Psaumes ». Autre événement : en 1907, la création de la Tragédie de Salomé, au Théâtre des Arts, par la danseuse Loïe Fuller. En 1908, le Quintette, pour piano et cordes, fait également une très forte impression. Dès lors, la réputation du compositeur est solidement établie, mais aucune des œuvres qu'il écrira par la suite n'aura le même retentissement que celles de ses débuts. En 1924, le ballet le Petit Elfe Ferme-l'Œil est créé à l'Opéra-Comique. En 1932, Florent Schmitt se rend aux États-Unis et joue à Boston, sous la direction de Koussevitski, la Symphonie concertante pour piano et orchestre. En 1936, il est élu à l'Institut. En 1948, son Quatuor à cordes est créé au festival de Strasbourg. C'est à ce même festival que, le 15 juin 1958, Charles Münch crée la Deuxième Symphonie op. 137, ultime récompense d'une vie magnifiquement féconde.
La générosité de l'inspiration mélodique, la sensualité du langage harmonique, la richesse de l'invention rythmique (particulièrement dans la Tragédie de Salomé), la virtuosité de l'écriture orchestrale et instrumentale (son Trio à cordes en est un exemple significatif), la maîtrise des formes sous une apparente liberté, l'abondance, voire la prodigalité, telles sont les composantes du style de ce musicien qui était un ennemi de la mièvrerie et de la préciosité, autant que du formalisme desséchant. Florent Schmitt avait une personnalité assez rude, que caractérisaient l'indépendance et la franchise. Debussy, Stravinski, Schönberg n'ont eu sur lui aucune influence, bien qu'il ait connu parfaitement leurs œuvres et les ait, à l'occasion, vigoureusement défendues. Il n'a jamais caché ses opinions, dussent-elles lui faire du tort. Humoriste à ses heures, s'amusant à donner à certaines de ses partitions des titres mystificateurs, il était foncièrement un romantique, et, si, par pudeur, il préférait parfois la boutade à la confidence, le ton de certaines de ses œuvres ne trompe pas : son Petit Elfe Ferme-l'Œil révèle le poète de l'enfance et son Quatuor à cordes est d'une grande intériorité.