Alain Savouret
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Compositeur, pianiste et chef d'orchestre français (Vanves 1942).
Collaborateur du Groupe de musique expérimentale de Bourges depuis 1973 (après quatre années passées au Groupe de recherches musicales de Paris), il est l'un des deux ou trois plus importants compositeurs de musique électroacoustique de sa génération, en tout cas le plus brillant et le plus habile, et celui qui pousse le plus loin le travail sur la forme et l'articulation pour accorder plus d'intérêt à la matière sonore ou aux procédures techniques de fabrication. Sa première œuvre importante, Kiosque (1969), pour bande et musiciens-improvisateurs, manifeste d'emblée le « baroquisme » propre à l'auteur, qui consiste pour lui à faire voisiner dans une forme très maîtrisée des éléments aussi hétérogènes que possible, du « musical » à l'« anecdotique », de l'abstrait au concret, etc. Le même principe est à l'œuvre dans la Valse molle (1973), pièce de musique légère pour bande.
Selon (1970), pour 2 joueurs de clavier sonorisé, et la Suite pour clavier à rallonges (1973), pour bande, mettent en valeur son goût de la virtuosité digitale : il est pianiste-improvisateur et a fondé avec Christian Clozier le groupe d'improvisation électroacoustique Opus N. Tango (1971) et l'Arbre et Cætera (1972), pour bande, sont des exercices très vivants de forme et d'écriture, travaillant dans la plus grande économie de matériau (sons d'orgue électronique pour la première œuvre, sons concrets « quadraphoniques » non manipulés pour la seconde).
Enfin, la Sonate baroque, entreprise en 1974, est un monument électroacoustique dont les trois premiers mouvements (allegro, andante, scherzo) totalisent une heure et demie et font s'épanouir et se réconcilier, dans une cohabitation harmonieuse et dynamique, toutes les tendances, toutes les « tentations » de l'auteur celles déjà relevées, mais aussi son humour, son « mauvais goût », son lyrisme. Une écriture très élaborée, sur des matériaux d'une grande transparence sonore, une technique impeccable, une forme superbe font déjà de cette Sonate l'une des œuvres électroacoustiques majeures du répertoire.
À partir de là, Savouret revient à la musique instrumentale et mixte, sauf pour des incursions isolées dans la musique électroacoustique pure (Don Quichotte Corporation, 1981), et, parmi des œuvres récentes, on peut citer Phil Cello et Joe Sax chez les Trogloustiques (1979), pour violoncelle, saxophone alto et bande magnétique, la Main du clown (1980), pour quintette à vent, Il était une fable (1981), pour trois groupes instrumentaux, Mauvaise Journée (1981), pour piano principal et huit instruments, et une pièce constituant le finale de la Sonate baroque, l'Ouïe-Spartacus (1981), pour bande magnétique et ensemble instrumental.