Henri Rabaud

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur et chef d'orchestre français (Paris 1873 – Neuilly-sur-Seine 1949).

Petit-fils du flûtiste Dorus et de la soprano Dorus-Gras, fils du violoncelliste Hippolyte Rabaud, il entra au Conservatoire de Paris en 1891 dans les classes de Taudon (harmonie), de Gédalge (contrepoint et fugue) et de Massenet (composition). Il obtint le prix de Rome en 1894 avec sa cantate Daphné.

Revenu de la villa Médicis, il organise avec Max d'Ollone des concerts de musique française à Vienne et à Rome, et se fait connaître comme compositeur avec la Procession nocturne jouée aux Concerts Colonne en 1899. Après avoir manifesté de la réticence envers Franck et Wagner, il commence à s'intéresser à eux, et cette double influence est sensible dans son oratorio Job (1900) qui porte l'empreinte du mysticisme franckiste et de celui de Parsifal. Quatre ans plus tard, l'Opéra-Comique crée son premier ouvrage lyrique, la Fille de Roland (1904), tiré de la tragédie d'Henri de Bornier : l'œuvre, d'une écriture souvent académique, n'obtient qu'un succès moyen.

De 1908 à 1914, Rabaud est chef d'orchestre à l'Opéra. En 1914, à la veille de la guerre, il connaît un triomphe avec Marouf le savetier du Caire, son œuvre maîtresse. De 1915 à 1917, il dirige les Matinées musicales de la Sorbonne, et en 1918 part pour les États-Unis comme chef d'orchestre du Boston Symphony Orchestra. Élu à l'Institut en 1919, il succède l'année suivante à Gabriel Fauré comme directeur du Conservatoire de Paris, poste qu'il conserve jusqu'en 1941. En 1924 et 1925, il signe respectivement les premières partitions originales écrites pour le cinéma muet : le Miracle des loups et le Joueur d'échecs, films de Raymond Bernard. 1938 le trouve en Amérique du Sud, où il dirige de nombreux concerts, et, de 1941 à 1946, il assure par intérim le poste de président-chef d'orchestre des Concerts Pasdeloup, en attendant le retour d'Albert Wolff, alors retenu en Argentine.

Rabaud a écrit de nombreuses musiques de scène, dont Antoine et Cléopâtre (1908), le Marchand de Venise (1917), adaptation de Népoty d'après Shakespeare, et Pour Martine, pièce de Jacques Bernard (1947). Son dernier ouvrage, le Jeu de l'amour et du hasard, un opéra-comique d'après Marivaux, resta inachevé et fut terminé par Max d'Ollone et Henri Busser.