Willem Pijper

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur néerlandais (Zeist 1894 – Leidschendam 1947).

Élève de Johan Wagenaar à Utrecht, il lui dédia sa première œuvre importante, le Quatuor à cordes no 1 (1914), assez influencé par Wagner et Brahms, mais utilisant déjà d'audacieuses superpositions polytonales. Dans le sillage de la musique française s'inscrivirent au contraire les Fêtes galantes pour mezzo-soprano et orchestre (1916), d'après Verlaine, et la Romance sans paroles pour soprano et orchestre (1918). L'influence de Mahler est sensible dans la Symphonie no 1 (1917), dédiée à Willem Mengelberg et d'une durée d'une quinzaine de minutes seulement. Celle de Debussy ne tarda pas à s'y superposer, et Pijper fut un des premiers, en Europe, à réaliser une harmonieuse synthèse de ces deux maîtres si dissemblables.

Cette synthèse se manifesta nettement vers 1920, et tout d'abord dans plusieurs ouvrages de musique de chambre : Sonate pour violon no 1 (1919), Sonate pour violoncelle no 1 (1919), Septuor pour 5 instruments à vent, contrebasse et piano (1920), Quatuor à cordes no 2 (1920), Trio pour piano no 2 (1921). Dans ces partitions, Pijper développa également une technique très personnelle de croissance organique à partir d'une brève cellule mélodico-harmonique. Depuis 1918, il avait exercé diverses activités d'enseignement et de critique qui devaient aboutir à sa nomination comme professeur de composition au conservatoire d'Amsterdam (1925-1930), puis comme directeur de celui de Rotterdam (1930-1947). Il forma ainsi beaucoup de compositeurs de la génération suivante, parmi lesquels Henk Badings et Kees Van Baaren, et exerça par ses écrits (plus de six cents dont beaucoup réunis en volumes) une forte influence sur la vie musicale de son pays.

En 1922 fut donnée, sous la direction de Mengelberg, la Symphonie no 2. Suivirent la Sonate pour violon no 2 (1922), le Sextuor pour 5 instruments à vent et piano (1923), le Quatuor à cordes no 3 (1923), la Sonate pour violoncelle no 2 (1924), la Sonate pour flûte (1925) et les Sonatines pour piano. En 1926 fut composée la Symphonie no 3, dédiée à Pierre Monteux, qui la créa la même année : œuvre encore plus concentrée, écrite pour un orchestre moins nombreux, que les deux symphonies précédentes. Elle n'a qu'un seul mouvement, subdivisé en 5 courtes sections dont la dernière porte en exergue l'inscription, tirée de Virgile : Flectere si nequeo superos, Acheronta movebo (Si je ne puis fléchir les dieux, je mettrai en mouvement l'Achéron). En 1927, Monteux créa aussi le Concerto pour piano, en sept brefs mouvements. En 1928, pour le 40e anniversaire de l'Orchestre du Concertgebouw fut donnée une autre partition essentielle, les Six Épigrammes symphoniques, d'une concision évoquant Webern et portant cette fois en exergue une phrase du 2e acte d'Hamlet de Shakespeare : Since brevity is the soul of wit… I will be brief (La brièveté étant l'âme de l'esprit… je serai bref).

Ensuite, Pijper se tourna de nouveau vers la musique de chambre : Trio pour flûte, clarinette et basson (1927), Quatuor à cordes no 4 (1928), Quintette à vents (1929), Sonate pour 2 pianos (1935). Il y eut également une musique de scène pour la Tempête de Shakespeare (1930), un concerto pour violoncelle (1936) et un pour violon (1939), les Six Adagios pour orchestre (1940), ainsi que deux opéras, Halewijn (1932-1934) et Merlijn (1939-1946). Le second de ces opéras et le Quatuor à cordes no 5 demeurèrent inachevés.

Après la tension des années 1920-1933, la musique des dernières années de Pijper devint plus lyrique, plus apaisée. Excellent pédagogue, critique avisé, harmoniste raffiné, esprit intéressé à tout, ce calviniste rigoureux reste le plus grand compositeur néerlandais de la première moitié du xxe siècle.