François André Danican Philidor

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur français (Dreux 1726 – Londres 1795).

Membre d'une célèbre dynastie de musiciens dont le patronyme était Danican et dont l'un des représentants, son demi-frère Anne Danican Philidor (1681-1728), avait fondé le Concert spirituel en 1725, il bénéficia de l'instruction musicale la plus sérieuse qui fût alors dispensée en France : il entra comme enfant de chœur à la chapelle de Versailles, dès l'âge de six ans, et y reçut jusqu'en 1740 l'enseignement de Campra. Contrairement à la plupart de ses contemporains, il mena une existence totalement indépendante : ses dons exceptionnels de joueur d'échecs lui permirent de passer quelques années de bohème à Paris, puis de séjourner longuement en Allemagne et à Londres. Il mit à profit ces neuf ans de vie cosmopolite pour acquérir une expérience musicale bien plus riche que ne le permettait à Paris la dictature du style français. Ses contemporains ne s'y étaient pas trompés, puisqu'on le considérait alors comme un compositeur italianisant : compliment chez les uns, moyen de l'éloigner des postes officiels pour les autres. Heureusement pour Philidor, son retour d'Angleterre, en 1754, le plonge dans un milieu musical en pleine révolution, à la suite notamment de la Querelle des bouffons. Après quelques expériences comme arrangeur dans les théâtres de la Foire, il fait représenter en 1759 son premier opéra-comique, Blaise le savetier, qui constitue, avec les Aveux indiscrets de Monsigny, la première grande œuvre du genre. L'opéra-comique est resté la forme de prédilection de Philidor : il en écrivit 19, de 1759 à 1788 ; les plus marquants sont, outre Blaise, le Jardinier et son seigneur, également sur un texte de Sedaine (1761), le Sorcier, sur un argument original de Poinsinet (1764), et Tom Jones (1765), d'après le roman de Fielding. Philidor fut moins heureux dans la tragédie lyrique, et seule Ernelinde (remaniée plusieurs fois de 1767 à 1773) connut un véritable succès ; on commence aujourd'hui à apprécier la valeur de cette œuvre, qui représente, avec Aline de Monsigny, la première tentative de redonner vie à un genre alors totalement sclérosé. L'originalité de Philidor se manifesta également dans le domaine de l'oratorio : son Carmen seculare (1779), composé à l'instigation du milieu littéraire de Londres, constitue en France un essai qui préfigure les grandes fêtes néoclassiques de la Révolution.