Bernardo Pasquini

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Claveciniste, organiste et compositeur italien (Massa di Valdinievole 1637 – Rome 1710).

Après des études dans sa région natale, il s'installa définitivement à Rome avant 1650. Il y travailla sans doute avec Antonio Cesti et Loreto Vittori, et devint, vers 1663, organiste de Santa Maria Maggiore, puis, en 1664, de Santa Maria in Aracœli, poste qu'il devait occuper jusqu'à la fin de sa vie. Son immense talent au clavecin et à l'orgue lui valut les faveurs de nombreuses personnalités romaines (la reine Christine de Suède, le prince Colonna, les cardinaux Ottoboni et Pamphili) et plus particulièrement du prince Giambattista Borghese, qui l'hébergea à partir de 1670 environ.

La production de Pasquini, assez considérable, comprend de la musique vocale sacrée et profane et de la musique pour clavier. Il a composé une quinzaine d'opéras, à peu près autant d'oratorios, et de nombreux motets, arias et cantates qui trahissent l'héritage de Cesti. Il est, dans ce domaine, un représentant non négligeable de l'école romaine, faisant figure d'intermédiaire entre Cesti et son cadet et contemporain A. Scarlatti.

La partie la plus importante de l'œuvre de Pasquini est néanmoins celle consacrée au clavier (en particulier au clavecin), et a été conservée en quatre volumes manuscrits. Elle comprend des toccatas (appelées parfois tastatas), de nombreuses danses et suites de danses, des partitas, passacailles et variations, et des sonates (4 pour orgue, 14 pour clavecin, 14 pour deux clavecins). Ses toccatas, bien que souvent conventionnelles et dans la tradition de Frescobaldi, ont parfois tendance à contraster mouvements de toccata et mouvements fugués, annonçant ainsi les futures toccatas et fugues. Ses sonates, écrites seulement en basse figurée, sont exceptionnelles en Italie à cette époque. Il semble être l'un des premiers Italiens à avoir écrit pour deux clavecins. Mais il est surtout remarquable dans ses suites de danses et ses variations. Là encore, il s'inspire de Frescobaldi et de ses danses groupées, mais il les organise en suites de même tonalité, comprenant de deux à cinq danses de forme binaire et dont la succession la plus courante est allemande-courante-gigue. Il est le premier Italien à avoir donné cette structure à la suite de clavier.

L'influence de la danse est également sensible dans ses variations et partitas (Partite di bergamasca, Partite del saltarello, Partite diversi sopra alemanda), et il fut particulièrement sensible, comme nombre de ses contemporains, au thème de la folia (Partite diversi di folia, Variationi sopra la folia). On lui doit aussi deux ouvrages théoriques : Saggi di contrappunto (1695) et Regole per ben suonare il cembalo o organo (1715, perdu).