Niccolo Paganini

Niccolo Paganini
Niccolo Paganini

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Violoniste, altiste, guitariste et compositeur italien (Gênes 1782 – Nice 1840).

Il prit ses premières leçons de musique avec son père, mandoliniste amateur, puis étudia avec Servetto, violoniste dans l'orchestre du théâtre de Gênes et avec Costa, maître de chapelle de la cathédrale San Lorenzo. À neuf ans, il fit ses débuts à Gênes en jouant ses variations sur la Carmagnole. Il travailla quelques mois avec Rolla, puis avec Ghiretti, maître de Paer. En 1797, accompagné de son père, il fit une tournée de concerts en Lombardie. De 1801 à 1804, il se consacra à la guitare puis étudia les compositions de Locatelli. Sur quoi il devint à Lucques directeur de la musique de la princesse Bacciochi, sœur de Napoléon (1805-1813). Il rencontra Rossini à Bologne en 1813. De 1828 à 1834, il parcourut l'Europe, suscitant partout l'enthousiasme ; il se rendit successivement à Vienne, où l'empereur le nomma « virtuose de la cour », en Allemagne, Autriche, Bohême, Saxe, Pologne, Bavière, Prusse, et dans les provinces rhénanes. En 1831, il arriva à Paris, où il donna son premier concert à l'Opéra le 9 mars, et où il resta jusqu'en mai. Ayant fait ses débuts à Londres le 3 juin 1831, il resta en Angleterre jusqu'en juin 1832. En janvier 1834 il rencontra Berlioz à qui il demanda d'écrire un solo pour alto ; ainsi naquit Harold en Italie que Paganini cependant ne devait jamais jouer. Le 27 mai 1840, il mourut à Nice où il s'était rendu dans l'espoir de rétablir sa santé.

Bien que n'appartenant pas à leur génération, Paganini a fasciné les artistes romantiques, violonistes, pianistes, compositeurs, peintres ou écrivains : Chopin, Schumann, Liszt, Th. Gautier, Goethe, Heine. Sa silhouette méphistophélique, le halo de mystère qui entoure sa vie, la légende d'un pacte noué avec le diable et sa virtuosité spectaculaire rejoignent un des aspects de l'art romantique, qui veut surprendre. Les mots « prodigieux », « fantastique », « surnaturel » reviennent toujours à son propos sous la plume de ses contemporains. Fétis écrivit par exemple dans la Revue musicale du 12 mars 1831 : « Le violon entre les mains de Paganini n'est plus l'instrument de Tartini ou de Viotti ; c'est quelque chose à part qui a un autre but. » Personnage hoffmannesque, Paganini souleva par son jeu un enthousiasme proche de l'envoûtement. Après l'avoir entendu à Paris en 1832, Liszt se retira pour parfaire une technique pianistique pourtant déjà considérable. Plus d'un siècle après sa mort, il reste le symbole du violoniste virtuose, se jouant des difficultés les plus ardues qu'il crée à son propre usage.

En fait, il n'a pas inventé la technique du violon mais, personnalité dotée d'un extraordinaire pouvoir de synthèse, il réunit en un tout artistique, convenant à la manière de penser et de sentir de la première moitié du xixe siècle, ce qui avant lui existait déjà dans cette technique. Il donna à celle-ci un nouvel élan, et lui apporta l'épanouissement grâce à son talent créateur formé en dehors de l'académisme des écoles. Il explora les virtualités acrobatiques du violon, exaltant l'instrument, mettant en valeur ses possibilités expressives et ses positions les plus élevées, et usant du démanché avec hardiesse, passant sans transition du registre grave au registre aigu et vice versa ; il fut le premier à utiliser au maximum les ressources de la 4e corde, à laquelle il destina de nombreuses compositions (sonates Maria-Luisa, Napoléon, Militaire, Majestueuse Sonate sentimentale, 3 thèmes variés) ; il pratiqua la scordatura, écrivit de longs passages en chromatisme. Grâce à une extensibilité exceptionnelle de la main, il se joua des extensions les plus périlleuses et donna les premiers exemples de trilles à l'octave et à l'unisson. Il utilisa avec audace le staccato jeté, les doubles, triples, quadruples cordes et les accords, dans des combinaisons réclamant souvent des doigtés délicats, des croisements de doigts ou extensions rendus plus difficiles encore par la rapidité du tempo. Il étendit l'emploi des sons harmoniques, inventa de nouvelles combinaisons, utilisa aux deux mains le pizzicato en traits rapides, en le mêlant aux sons coll'arco, comme accompagnement du chant joué avec l'archet.

Les difficultés techniques de ses œuvres, « point solsticial de la virtuosité » (selon Schumann), et notamment celles des 24 Caprices, ont inspiré de nombreux compositeurs parmi lesquels Schumann, Liszt, Brahms, Rachmaninov, Casella, Castelnuovo-Tedesco, Lutoslawski et Dallapiccola. Paganini a composé uniquement de la musique instrumentale, destinée à ses instruments de prédilection : la guitare, l'alto et surtout le violon, auquel il destina notamment six concertos.

Niccolo Paganini
Niccolo Paganini
Niccolo Paganini, Caprice pour violon n° 24 en la mineur, op. 1
Niccolo Paganini, Caprice pour violon n° 24 en la mineur, op. 1