Serge Nigg

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur français (Paris 1924).

Il étudie au Conservatoire de Paris, de 1941 à 1946, la composition et le piano dans les classes d'Olivier Messiaen et de Simone Plé-Caussade, et acquiert assez tôt une réputation prometteuse, avec des œuvres comme Timour pour orchestre (1944), et Concerto pour cordes, piano et percussions (1947). Après sa rencontre avec René Leibowitz en 1946, il étudie auprès de celui-ci (comme le firent Pierre Boulez et d'autres compositeurs) le système sériel schönbergien, qu'il cherche à appliquer avec rigueur dans des œuvres comme Variations pour piano et 10 instruments (1947), et deux Pièces pour piano (1947), qui sont parmi les premières œuvres sérielles françaises.

Mais, en 1949, Nigg se détourne de l'abstraction en créant avec Louis Durey et Charles Kœchlin l'Association des musiciens progressistes, qui s'inspire des idées du Manifeste de Prague pour remettre en cause le formalisme et l'abstraction de l'« art bourgeois ». Ses premières œuvres dans cette tentative courageuse pour réaliser une musique de témoignage progressiste, qui « parle au peuple », sont la cantate le Fusillé inconnu, avec récitant, chœurs et orchestre (1949), et l'œuvre Pour un poète captif pour orchestre (1950), d'après des textes du poète turc communiste Nazim Hikmet, persécuté pour ses opinions. Mais ce mouvement « progressiste » est un feu de paille, et, après des œuvres de transition comme Billard, ballet (1951), et la Petite Cantate des couleurs pour chœur de femmes a cappella (1952), Nigg finit par se trouver dans un style qu'on a appelé « néoromantique », luxuriant, dense, expressionniste, mais d'une écriture finalement assez tendue et concise, comparable au Webern des Pièces pour orchestre op. 6. On citera dans la période dite de la « maturité » : Concerto pour violon et orchestre (1957), la Musique funèbre pour orchestre à cordes (1959), la Jérôme Bosch symphonie pour orchestre (1960), le Concerto pour flûte et orchestre à cordes (1961), le Chant du dépossédé pour orchestre, récitant et baryton (1964), sur des textes intimes de Mallarmé relatifs à la mort de son fils Anatole (également utilisés par André Boucourechliev dans son œuvre électroacoustique Thrène, 1974), puis les Visages d'Axel pour orchestre (1967), sorte de poème symphonique inspiré par la pièce Axel de Villiers de l'Isle-Adam, Fulgur pour orchestre (1968-69), Deuxième Concerto pour piano et orchestre (1970-71), Fastes de l'imaginaire (1974), pour orchestre, Scènes concertantes pour piano et orchestre (1975), Millions d'oiseaux d'or (1981), Concerto pour alto (1988), Poème pour orchestre (1990).