Rencontres internationales de musique contemporaine de Metz

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Festival de musique contemporaine qui s'est déroulé tous les ans à Metz durant trois ou quatre jours à la fin de novembre, de 1972 à 1992.

Il fut le plus important du genre en France après la disparition du festival de Royan en 1977. L'édition de 1992, la dernière, se déroula sous la dénomination « Rendez-vous musique nouvelle ».

Lorsque Claude Lefebvre crée en 1972 ses premières rencontres de musique contemporaine, il a à l'esprit un projet ambitieux, et, dès le départ, pose un principe d'action : « Échapper aux consommations hâtives de trop nombreuses créations mondiales. » Ni saturation, ni dispersion, donc. Pour « ouvrir » ce nouveau festival, il établit une programmation dans laquelle des noms célèbres (Boulez, Stockhausen) voisinent avec des compositeurs plus jeunes (Méfano, Dao). En 1973, les concerts sont axés sur deux valeurs sûres : Messiaen (avec les Vingt Regards de l'Enfant Jésus, les Visions de l'amen, les Oiseaux exotiques, et les Méditations sur le mystère de la Sainte-Trinité) et Stockhausen, à qui un cycle est consacré avec, notamment, une de ses grandes œuvres, Hymnen, et aussi une conférence.

La troisième Rencontre, en 1974, inaugure des séances « jeune public », où des adolescents peuvent avoir un premier contact avec un compositeur, et, éventuellement, dialoguer avec lui. Cette fois, les feux sont braqués sur Berio, à qui est réservée une journée. Deux autres personnalités se dégagent : Stockhausen, avec son œuvre pour 2 pianos Mantra, et Kagel qui bénéficie de deux soirées précédées d'une conférence. 1975 représente peut-être un tournant dans la programmation du festival : on s'oriente vers des musiciens moins connus, qui ont déjà été joués à Royan, et dans les concerts spécialisés, mais qui vont connaître une plus large audience grâce à Metz et dont la plupart des concerts sont retransmis par la radio. Parmi ceux-ci : Decoust, Boucourechliev et, également, Globokar. On n'a pas négligé les auteurs de « référence », Ives et Stravinski, sans oublier Messiaen avec sa grande fresque Des canyons aux étoiles. Les Rencontres de 1976 se caractérisent par la présence de la musique électroacoustique, avec la participation, d'une part, du G. R. M., d'autre part, du Studio de musique électronique de Cologne, et, enfin, chose inhabituelle, d'un ensemble instrumental de synthétiseurs. Le festival étant placé sous le signe des sons « artificiels », rien de surprenant à ce que Stockhausen y figure en bonne place avec Sirius ; mais on y entend également des musiques de Xenakis et de Mâche, et on y aborde la question de « la musique et l'ordinateur » (Risset, Barbaud, Xenakis).

En 1977, Lefebvre adopte une formule plus ramassée, en centrant l'intérêt, d'une part, sur des soirées réservées à tel ou tel compositeur (Kagel, Xenakis, Alsina, Amy, Globokar), d'autre part, sur la musique d'un pays, le Québec. Par ailleurs, le principe des séances « jeune public » est maintenu : il y en a une consacrée à Berg, où l'on donne en répétition générale le programme du soir. Dans les Rencontres de 1978, on met l'accent sur les conférences, cela avec deux compositeurs qui ne sont pas des familiers de Metz, Pousseur et Malec. Notons également la présentation d'un opéra-théâtre de Bancquart : l'Amant déserté, ainsi que plusieurs séances « jeune public ». Le festival de 1979 se signale par la présence de l'I. R. C. A. M. et, comme en 1976 mais de façon plus marquée, de Boulez, qui se manifeste par une conférence, un film, un concert. On revient au problème des relations entre musique et machines, au cours de plusieurs exposés faits par les membres de l'I. R. C. A. M. D'autre part, le pays à l'honneur est la Suisse, avec l'orchestre de Radio-Bâle, qui présente cinq de ses compositeurs. On remarque la présence de Michaël Lévinas et Pascal Dusapin, sans oublier celle des Percussions de Strasbourg.

En 1980, les Rencontres sont plus éclatées, et on approfondit notamment le domaine de l'électroacoustique avec le G.R. M. et les exposés très clairs de F. Bayle. En 1981, retour de Stockhausen et de Kagel (Mitternachtstück), et création française de Tiento de Cristobal Halffter. En 1984, création en France de la version élargie de Repons de Boulez.