Eduard Hanslick

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Esthéticien et critique musical autrichien (Prague 1825 – Baden, près de Vienne, 1904).

Son premier ouvrage, définissant une esthétique musicale nouvelle, le rendit célèbre et le fit longtemps considérer comme un fondateur de l'esthétique moderne. Il étudia la musique avec Tomàček à Prague, mais aussi le droit à Prague et à Vienne. Docteur en droit en 1849, il fut un critique musical redouté dès 1846, à la Wiener Musikzeitung. Il a écrit pour d'autres journaux tandis qu'il enseigna l'esthétique et l'histoire de la musique à l'université de Vienne de 1856 à 1895.

La théorie qu'il exposait dans Vom Musikalisch-Schönen (Leipzig, 1854 ; 16e éd. 1966 ­ trad. fr. sous le titre Du beau dans la musique, par Ch. Bannelier, Paris, 1877 ; 2e éd. 1893) suscita de nombreuses polémiques. Elle s'opposait en effet au sentimentalisme romantique pour lequel l'œuvre musicale était avant tout la représentation des sentiments. Selon Hanslick, au contraire, le « beau musical » résidait dans l'œuvre même, d'une façon immanente et spécifique. Contre la musique à programme, il déclarait que la musique ne pouvait exprimer autre chose qu'elle-même ; on ne pouvait donc l'expliquer qu'en analysant le seul phénomène musical. La singularité de la musique par rapport aux autres arts et aux autres disciplines imposait qu'on l'étudiât au moyen d'une esthétique spécifique et autonome : la musique définissait et limitait elle-même la science qui l'analysait.

Le formalisme de Hanslick, qui se retrouvait dans une certaine mesure chez Schopenhauer, l'amena à mettre en avant la notion de thème, celui-ci étant envisagé comme la « substance » de l'œuvre et l'élément générateur de la forme ; il condamnait ainsi la stérilité des œuvres de son époque et notamment celle de la « mélodie infinie » de Wagner, dont il affirmait qu'elle était « l'absence de forme érigée en principe ». À partir de là, Hanslick, brocardé par Wagner sous les traits de Beckmesser dans les Maîtres chanteurs, se fit le défenseur de Brahms et de Verdi.