Daniel Jean Yves Lesur, dit Jean-Yves Daniel-Lesur

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur français (Paris 1908 – id. 2002).

Sa mère, musicienne accomplie, lui fait prendre ses premières leçons d'orgue et de composition avec Charles Tournemire. En 1919, il entre au Conservatoire ; Olivier Messiaen est son condisciple dans les classes d'harmonie et de fugue. En 1927, il devient le suppléant de Charles Tournemire à l'orgue de Sainte-Clotilde. Sa Suite française est créée par Pierre Monteux à l'O. S. P. en 1935. La même année, il est nommé professeur de contrepoint à la Schola cantorum, et, l'année suivante, il fonde, avec Yves Baudrier, André Jolivet et Olivier Messiaen, le groupe « Jeune France ». Entré dans les services artistiques de la Radiodiffusion nationale au début de 1939, Daniel-Lesur est mobilisé en septembre ; il revient à la vie civile au mois d'août 1940 et rejoint la radio en zone libre. En 1942, il revient à Paris. De 1945 à 1957, il compose de nombreuses œuvres de musique de chambre et de musique vocale (parmi lesquelles la Suite médiévale [1946] et le Cantique des cantiques [1953]). Déjà un thème s'impose à lui, celui d'Andrea del Sarto, qu'il aborde en 1947 par une musique de scène, suivie, en 1949, d'un poème symphonique. La pièce d'Alfred de Musset lui inspire enfin un opéra, créé à l'opéra de Marseille en 1969.

Parallèlement à son activité de compositeur, Daniel-Lesur a assumé des tâches importantes à la radio, à la télévision et au ministère des Affaires culturelles, où lui a été confiée, en 1971-72, la direction de l'Opéra. De 1957 à 1961, il a été directeur de la Schola cantorum. Attaché aux traditions de la musique française, mais refusant le néoclassicisme, qu'il considère comme une « commodité mécanique pire encore que celles de la musique systématique », esprit logique et sensible, épris de clarté, Daniel-Lesur a réussi d'une manière assez exceptionnelle à allier dans son œuvre rigueur et sensualisme. Il fait revivre des formes anciennes comme le ricercare et la passacaille ; sa liberté de musicien est fondée sur des choix, des contraintes volontaires. Son Cantique des colonnes, sur le poème de Valéry, sa Symphonie d'ombre et de lumière témoignent autant de la hauteur de sa pensée que de la perfection de son art. Et son chef-d'œuvre, Andrea del Sarto, recrée avec bonheur le climat de la Renaissance italienne. En 1982 a été créé l'opéra Ondine, d'après Giraudoux.