Louis Charles Adélaïde de Chamisso de Boncourt, dit Adelbert von Chamisso de Boncourt

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Écrivain et poète de langue allemande (château de Boncourt, Champagne, 1781 – Berlin 1838).

Arraché par la Révolution à sa terre champenoise, Chamisso mena pendant longtemps, en Prusse, une existence besogneuse et précaire, jusqu'à ce qu'il réalise ses rêves d'enfant : devenir heureux père de famille, voyager, étudier. Explorateur (on le vit au Kamtchatka, dans le Pacifique), il a fui le monde littéraire de son temps pour se rapprocher d'une nature pure et simple, telle que, en bon disciple de Rousseau, il pouvait l'imaginer. Ses poèmes, tardifs, portent eux-mêmes la marque d'une droiture bourrue et tendre, parfois plate, toujours très proche du quotidien : qu'il chante des fiançailles vertueuses, l'art d'être grand-père ou le bonheur domestique, avec son cortège de joies et de deuils, ou qu'il s'aventure à considérer l'avenir, il prend toujours bien soin de ne pas écrire en dehors du droit sillon. Ce bon bourgeois éclairé n'a cependant trouvé la sérénité qu'après avoir exorcisé les errances, les maladresses, le ridicule maniaque, la tristesse, aussi, de sa jeunesse, dans son ouvrage le plus célèbre : Peter Schlemihl (1814). Ce conte, qui a fait beaucoup pour la popularité de son auteur, et où le héros, gaffeur éternel (tel est le sens du mot yiddish schlemihl), vend son ombre au diable, a inspiré à E. T. A. Hoffmann la matière de son conte les Aventures de la nuit de la Saint-Sylvestre.

En musique, Chamisso n'a guère inspiré que Schumann (l'Amour et la Vie d'une femme), lequel d'ailleurs n'a tenu aucun compte des idées du poète sur le rôle subalterne de la femme dans le couple et a, au contraire, exalté sa capacité d'émotion.