vaudeville

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Le mot (dont l'étymologie est incertaine) désigne à l'origine et jusqu'à la fin du xviie s. non pas un genre théâtral mais un type de chanson populaire, caustique et grivoise, né à la fin de la guerre de Cent Ans et dont la création est généralement attribuée à Olivier Basselin. Puis, lorsque les Comédiens Italiens à la fin du xviie s. et après eux les auteurs du théâtre de foire (Lesage, Fuzelier) se mirent à introduire des airs chantés dans leurs spectacles, ils donnèrent naissance à la « comédie en vaudeville », abrégée ensuite en « vaudeville ». Le genre dont la caractéristique principale est la présence, dans une proportion variable, des couplets chantés entrecoupant des scènes parlées, s'imposa après la Révolution (création du théâtre du Vaudeville en 1792), et fut très prisé tout au long du xviiie s., avec en particulier les œuvres de Vadé, de Sedaine et de Favart. Le vaudeville connaît son apogée au xixe s., où il bénéficie de l'avènement d'un public bourgeois dont la forte demande de divertissement et de légèreté n'est pas satisfaite par la « comédie sérieuse » en 5 actes et en vers. Il se diversifie (H. Gidel distingue le « vaudeville-anecdotique », tiré d'un fait divers, du « vaudeville-farce »), et se métamorphose : jusqu'alors essentiellement fondé sur les calembours et les numéros d'acteurs, dépourvu de véritable intrigue, le vaudeville se dote avec E. Scribe d'une construction rigoureuse et savante, rythmée par les quiproquos et les coups de théâtre (la « pièce bien faite ») ; surtout, vers 1860, le vaudeville perd sa dimension musicale récupérée par l'opérette pour se fondre avec la comédie de mœurs, et gagner ses lettres de noblesse avec E. Labiche et G. Feydeau, qui parachèvent l'évolution amorcée par Scribe. Avec eux, le vaudeville devient une merveille de mécanique théâtrale, dont l'éblouissante virtuosité (sensible dans la subtile construction de l'intrigue, la multiplication des quiproquos, l'enchaînement frénétique des situations loufoques) n'exclut pas la puissance corrosive dans la mise à nu des mensonges et des conventions sociales ; d'où, sans doute, l'intérêt des grands metteurs en scène contemporains (P. Chéreau, J.-P. Vincent, G. Lavaudant) pour ces deux auteurs, longtemps considérés par les intellectuels comme les parangons du théâtre petit-bourgeois de pur divertissement. Au xxe siècle, le vaudeville s'affaiblit et se confond avec le théâtre de Boulevard, sans pour autant perdre les faveurs du public.

Pour en savoir plus, voir les articles vaudeville [généralités], vaudeville [musique].