vérisme

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

École littéraire et artistique italienne axée sur la représentation de la réalité avec ses vulgarités et ses problèmes sociaux. Issu du naturalisme français, le mouvement littéraire italien anticipa, dans les trente dernières années du xixe s., nombre de postulats du néoréalisme. L'originalité la plus évidente du vérisme est d'avoir élargi au-delà du milieu de prédilection du roman naturaliste – la grande ville industrielle – la représentation de l'aliénation populaire. Il s'exprime essentiellement dans les œuvres des Siciliens G. Verga, L. Capuana et F. De Roberto, dont les transpositions lyriques et théâtrales assurèrent la popularité. Il est également facile de déceler l'apport original de leur région chez Matilde Serao et Di Giacomo (Naples), D'Annunzio avec ses premières nouvelles véristes (les Abruzzes), Fucini (Toscane), Grazia Deledda (Sardaigne), De Marchi (Milanais). Dans les « Isthmes » contemporains (1898), Luigi Capuana, le principal théoricien du mouvement, oppose la « méthode impersonnelle » du vérisme italien à la « matière » du naturalisme français. Dans la lettre de dédicace à Salvatore Farina, qui sert d'introduction à sa nouvelle l'Amant de Gramigna (1880), Verga déclare que l'œuvre doit donner l'impression de « s'être faite toute seule, d'avoir mûri et d'être née spontanément comme un fait naturel, sans garder aucun point de contact avec son auteur, sans la moindre trace du péché de son origine ». Dans la préface des Malavoglia (1880), il expose parallèlement le principe d'une narration à plusieurs niveaux stylistiques adaptés aux différents niveaux d'une représentation sociale conçue selon un modèle darwinien : « J'ai en tête un travail qui me paraît grand et beau. Une espèce de fantasmagorie de la lutte pour la vie, qui va du chiffonnier au ministre et à l'artiste, et qui assume toutes les formes, de l'ambition à l'appétit du gain, et se prête à mille représentations du grand grotesque humain, lutte providentielle qui guide l'humanité à travers tous les appétits, nobles et bas, vers la conquête des vérités. Saisir en somme le côté dramatique, ou ridicule ou comique, de toutes les physionomies sociales, chacune avec sa caractéristique, dans ses efforts pour aller de l'avant au milieu de cette vague immense qui est poussée à aller de l'avant par les besoins les plus vulgaires ou par l'avidité de la science, incessamment, sous peine d'échec ou de mort pour les plus faibles ou/et les moins habiles » (lettre à Salvatore Paola Verdura, 1878). Une des dimensions essentielles du vérisme, le témoignage régionaliste, est liée d'autre part au renouveau des études dialectales et folkloriques qu'atteste avec éclat la monumentale Bibliothèque des traditions populaires siciliennes, en 25 volumes (1870-1913), de Giuseppe Pitré. Les deux œuvres qui ont le plus contribué à la popularité du vérisme sont la Cavalleria rusticana de Verga et le mélodrame Guignols de Leoncavallo, entraînant alors une floraison de mélodrames, pour la plupart situés dans des milieux paysans de l'Italie du Sud, qui diffusèrent une image caricaturale du vérisme, faite de drames passionnels et de couleur locale.

Pour en savoir plus, voir les articles vérisme [musique], vérisme [peinture].