saudosismo

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Mouvement littéraire portugais qui s'insère dans l'activité de la Renascença Portuguesa, groupe fondé à Porto par Jaime Cortesão, Álvaro Pinto, Teixeira de Pascoaes (ou Pascoais) et Leonardo Coimbra, et dont la revue A Águia (1910-1932) a été l'organe à partir de 1912, et Teixeira de Pascoaes, le mentor. Il s'agit au départ d'une attitude devant la vie qui, pour nombre d'écrivains, caractérise « l'âme portugaise ». Le saudosismo (« nostalgisme ») se donnait pour tâche d'entreprendre la reconstruction du pays en proie au chaos politique. Pour Pascoaes, il s'agissait de réveiller la « race » à sa propre connaissance – et l'essence même de cette « race » était la saudade (« nostalgie »), érigée en philosophie (dont Leonardo Coimbra fournit les bases théoriques) et en politique (le saudosismo va s'identifier au « sébastianisme » dont les nouveaux poètes portent la révélation). Jaime Cortesão cherche, à son tour, dans les sources de la nationalité la sève rénovatrice. Fernando Pessoa, dans ses articles sur la Nouvelle Poésie portugaise (1912), annonce une future civilisation européenne de source lusitanienne dont surgiront le poète suprême et la découverte d'une nouvelle Inde divine : c'est dans ce climat d'exaltation que s'insère son Message (1933). La saudade, nostalgie de la vie animiste, par son pouvoir de souvenir et d'espoir, concilie présence et absence ; source de perpétuel renouvellement, elle élève l'homme à sa dimension divine.