roman de chevalerie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

C'est le nom donné aux œuvres narratives en prose qui, aux xve-xvie s., reprirent les aventures des chansons de geste et des romans courtois des xie-xiiie s. Bien qu'il ait été précédé par des œuvres nombreuses et diverses (Ponthus, 1478 ; Tristan, 1482 ; Gyron le Courtois, 1501), le modèle du genre reste l'Amadis* de Gaule, dont la première version connue (1508) est de Rodríguez de Montalvo. Si Du Bellay (Défense et Illustration de la langue française, II, 5) traite cette littérature romanesque d'« épiceries », et si Montaigne se vante (Essais, I, 26) de n'avoir même pas connu le nom « des Lancelots du Lac, des Amadis, des Huons de Bordeaux, et tels fatras de livres à quoi l'enfance s'amuse », les Quatre Fils Aymon connaîtront 18 éditions entre 1478 et 1549. Diane de Poitiers se fait lire les aventures d'Amadis et de Fierabras, et l'esprit du roman de chevalerie passera directement dans le Grand Cyrus de Mlle de Scudéry. Chapelain s'interrogera, dans son dialogue De la lecture des vieux romans (publié en 1870), sur le goût commun des nobles et des milieux populaires pour les romans de chevalerie : « Comme les poésies d'Homère étaient les fables des Grecs et des Romains, nos vieux romans sont aussi les fables des Français et des Anglais. » Les romans de chevalerie ont ainsi formé, aux xvie-xviie s., une composante essentielle de la culture mondaine et moderne contre le pédantisme des collèges et l'érudition des milieux parlementaires.