inhitat

(décadence)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Terme parfois appliqué, en Orient et en Occident, à la production littéraire arabe après le choc mongol du xiiie s. et avant la renaissance (Nahda) du xixe s. En réalité, si le jugement est valable pour les traditions littéraires classiques, qui commençaient en effet à s'épuiser, il ne l'est plus si l'on se penche sur les genres qui ont fait leur apparition pendant cette période. À commencer par un certain nombre d'instruments de travail, dictionnaires de langue ou bio-bibliographiques de grande ampleur, répertoires de termes techniques, vastes encyclopédies, qui sont indispensables, aujourd'hui encore, à la connaissance de l'ensemble de la culture arabe classique. En poésie, l'usage de nouvelles formes (kan wa-kan, dubayt, mawaliya), surtout lorsqu'elles se trouvent associées à une pensée mystique, comme chez un 'Abd al-Ghaniyy al-Nabulsi, a permis de produire des pièces originales, de même que le mélange prose-poésie dans les petites scènes de fiction (les masarih et tamathil) d'un Ibn al-Naqib. Cette période est aussi celle des grands romans, des grandes épopées, comme Baybars, Sayf Ibn dhi Yazan ou Banu Hilal. C'est plus généralement l'âge d'or d'une littérature moyenne, qui se distingue aussi bien du folklore que des textes classiques et qui vise à délasser et à distraire le plus large public. C'est à ce genre qu'appartiennent les célèbres Mille et une nuits. Cette civilisation tournée vers le spirituel, nostalgique, dont la marche, par comparaison avec le monde occidental, semble se faire au ralenti, a donc bien connu une «  décadence », mais celle-ci donc n'a sans doute pas affecté de la même manière tous ses moyens d'expression.