littérature acihaise

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

C'est une littérature régionale d'Indonésie, composée en acihais, langue parlée à Aceh, dans l'extrême nord de Sumatra. La prose est presque entièrement orale, alors que la poésie est presque toujours écrite, en caractères arabes.

La prose, regroupée sous le terme général de haba, rassemble aussi bien les récits des vieillards sur leur époque ou leurs traditions que des histoires ayant pour héros un animal (comme le cerf nain rusé, également présent dans la littérature malaise classique) ou un être humain (comme Si Kabayan que l'on retrouve dans la littérature sundanaise).

Tous les poèmes acihais sont psalmodiés. Les genres poétiques les plus importants sont les pantun (pour la plupart oraux), traitant généralement de l'amour, et ayant quelques similitudes avec le pantun malais, mais surtout les hikayat (toujours écrits), dont il existe diverses sortes : œuvres de fiction, légendes religieuses, ouvrages d'instruction morale, ou même simples livres d'étude. Certains sont empruntés à la littérature malaise (Indra Bangsawan, Indrapatra), mais nombreux sont les originaux : poèmes humoristiques (hikayat ruhe) et surtout poèmes épiques qui constituent la partie la plus importante de la littérature acihaise. Malem Dagang (fin du xviie s.) est ainsi un poème à la louange de l'amiral qui, sous le règne de Iskandar Muda (1607-1635), fut à la tête de l'expédition victorieuse contre Johore ; Prince Muhamat (milieu du xviiie s.) évoque un jeune prince qui, exaspéré par le déclin de l'autorité de son frère, lança une opération de grande envergure contre le sultan rival. On peut encore citer la Guerre contre la Hollande et la Guerre sainte (1893), destinés à encourager l'ardeur des Acihais dans la résistance aux Néerlandais.