Mary Godwin, Mrs Shelley
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Femme de lettres anglaise (Londres 1797 – id. 1851).
Fille du rationaliste William Godwin et de la féministe Mary Wollstonecraft, elle est enlevée à 17 ans par Shelley, dont elle partagera l'exil et qu'elle épousera en 1818. Presque par hasard, à la faveur d'un jeu littéraire en compagnie de Byron et de Shelley, cette jeune fille devient l'auteur d'un roman philosophique et de terreur, Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818), alliance du fantastique et du scientifique qui permet un traitement original du thème du monstre, incarnation de l'orgueil et de la folie de son créateur. Cette double condamnation de la démesure du savant (qui veut rivaliser avec Dieu) et d'une image composite de la personne humaine (le monstre n'est pas né d'un couple, mais de débris de cadavres) est aussi une critique acerbe d'une société nourrie de rousseauisme et qui se fonde sur les apparences : le « monstre », bon à sa naissance, devient criminel dès lors qu'il est rejeté de tous. Sa révolte contre son créateur, qu'il finit par tuer, trahit l'angoisse existentielle de l'homme sans Dieu, dans un univers où seul le mal assure la puissance. L'œuvre de Mary Shelley, plus connue que le nom de sa créatrice, connaîtra une immense postérité. Les adaptations cinématographiques (Frankenstein, 1931, et la Fiancée de Frankenstein, 1935, réalisés par James Whale, qui a donné au monstre son « visage »), comme les innombrables suites, adaptations, font de cette figure l'un des rares mythes modernes. Mary Shelley écrit également des nouvelles, des récits de voyages (Histoire d'un voyage de six semaines, 1817), des romans (le Dernier Homme, 1826 ; Perkin Warbeck, 1830) et publie après la mort de Shelley ses Poèmes posthumes (1824), ses Œuvres poétiques (1839) ainsi que ses œuvres en prose (1840). Son Journal comme sa correspondance apportent des renseignements précieux sur le poète.