Sei Shonagon
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Femme de lettres et poétesse japonaise (vers 966 – ?).
Fille du poète Kiyohara no Motosuke (908-990), elle était issue d'une famille de fonctionnaires lettrés et, comme sa contemporaine Murasaki Shikibu, reçut une éducation – fait exceptionnel pour une femme à l'époque – dans les lettres chinoises. Elle entra vers 993 au service de l'impératrice Teishi, et c'est sans doute pendant cette période qu'elle reçut le surnom de Sei Shonagon. Fameuse à la cour pour l'étendue de son savoir, elle rivalisa d'esprit avec de grands lettrés de son temps, mais c'est surtout grâce au chef-d'œuvre qu'elle rédigea à cette époque, le Makura no soshi (Notes de chevet), que la personnalité de cette femme brillante, à l'esprit mordant, se révèle avec le plus de netteté.
Notes de chevet [Makura no soshi]. Composé au début du xie s., cet ouvrage constitue le premier zuihitsu, ou « essai », de la littérature japonaise : il se présente sous la forme d'un recueil d'environ 300 notes éparses, jetées sur le papier sans ordre thématique apparent, et sans le déroulement chronologique propre aux nikki (« notes journalières »). La liberté dans le choix des sujets et des traitements (descriptions, anecdotes ou listes), la pureté de la langue et la puissance du style permettent l'élaboration de véritables poèmes en prose, où au don du raccourci et à l'humour incisif se mêle parfois un lyrisme glacé, révélant ainsi toutes les facettes d'une personnalité littéraire exceptionnelle.