Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz, dit O. V. de L. Milosz

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain français d'origine lituanienne (Tchereïa 1877 – Fontainebleau 1939).

D'abord porteuse de toutes les lassitudes « fin de siècle » (Poème des décadences, 1899 ; les Sept Solitudes, 1906), sa poésie, faisant de la langue française un outil de haute précision, s'ouvre, après une nuit d'illumination et de « soleil spirituel » (le 14 décembre 1914, que l'on peut rapprocher des conversions de Pascal ou de Claudel), à l'inspiration élégiaque et mystique (Épître à Storge, 1917 ; Adramandoni, 1918 ; la Confession de Lemuel, 1920). Le monde peut être lu dans son rapport à l'absolu divin, et il revient au poète de signaler cette jonction. Toujours il dit l'ailleurs et le jadis. Il est chez lui dans une nostalgie haute, jamais hautaine, d'inspiration nettement romantique et pourtant contemporaine des vertiges de la modernité. La célébration de l'amour profane dans une série de drames (Miguel Mañara, 1912 ; Méphiboseth, 1913) cède à la tension vers l'amour divin dans les essais philosophiques, mystiques et métaphysiques (Ars magna, 1924 ; les Arcanes, 1926), avant de se perdre dans la fascination occultiste d'une exégèse qui fait appel plus à des intuitions qu'à des acquis ethnologiques et linguistiques (l'Apocalypse de saint Jean déchiffrée, 1933 ; la Clef de l'Apocalypse, 1938). Restent, face à la conscience de la catastrophe inévitable, l'espérance en un avenir qui n'appartient qu'à Dieu (Psaume de l'étoile du matin, 1937) et la mémoire d'un passé qui garde toute sa fraîcheur mythique (Contes et Fabliaux de la vieille Lituanie, 1930). Telle est la double postulation de Milosz : un regard vers un passé perdu lointain, transpersonnel, et l'écoute d'un futur quasi prophétique (voir le Psaume de l'Étoile du matin). Oscar Wilde le baptisa un jour « Milosz-la-Poésie ». À sa mort, celui qui aurait pu n'être qu'un dilettante de plus, parcourt les forêts pour dire sa tendresse aux oiseaux. Sa poésie (et il ne cesse de préciser le terme) atteint des hauteurs métaphysiques rares, ce qui en dit, aussi, la belle solitude.