Michel Jeury

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain français (Razac-d'Eymet, Dordogne, 1934 - Vaison-la-Romaine, Vaucluse, 2015).

Sous le pseudonyme d'Albert Higon, il publia en 1960 Aux étoiles du destin, ainsi que la Machine du pouvoir, roman d'inspiration anti-utopique. Le Temps incertain (1973) est le premier volet d'une trilogie qui comprend les Singes du temps (1974) et Soleil chaud, poisson des profondeurs (1976) et qui le consacre comme chef de file de la science-fiction française. Rapproché de P. K. Dick en raison de leur goût commun pour le bouleversement des réalités, Jeury est plus directement politique (machinations des multinationales, complots fascistes, lignes de fuite anarchistes...) et confère à son texte, dans son souci d'affoler le temps, une forme beaucoup plus éclatée et enchevêtrée (Poney-Dragon, 1978 ; le Territoire humain, 1979 ; les Yeux géants, 1980 ; l'Orbe et la Roue, 1982). L'amour des mots-processus (« chronolyse », « nébuleuse d'emballement »...), la tendance à ne pas renoncer à tout espoir dans les situations les plus sombres complètent l'image d'une œuvre qui tend à substituer au principe d'incertitude généralisée marquant les premiers romans un aléatoire d'ordre psychologique (les Animaux de justice, 1976 ; le Seigneur de l'histoire, 1980 ; la Sainte-Espagne programmée, 1981). Après le Jeu du monde (1985) et les Mondes furieux (1988), il renonce à la science-fiction pour s'investir dans des « romans du terroir » centrés sur son Périgord natal.