Jean Isisdore Goldstein, dit Isidore Isou

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain français d'origine roumaine (Botosçani, Roumanie, 1925 – Paris 2007).

Ce compatriote de Tzara publie en 1947 un manifeste d'avant-garde, Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique, qui fera de lui le fondateur du « lettrisme », mouvement qu'il animera avec Maurice Lemaître. « Poésie des lettres, non des mots », le lettrisme se définit par rapport au surréalisme et à ses précurseurs pour se placer sur le versant du signifiant. Dans la tradition des Grands Rhétoriqueurs, Isou exige de tout prendre et de tout donner à la lettre, unité première du langage. Le mot n'est alors plus porteur de sens mais véritable « morceau sonore » et fait de la poésie l'Initiation à la haute volupté (1960). Le projet de placer la lettre, phonème et graphème, au centre de tout, se prolonge dans la musique, reflet de la « créatique » (Concerto pour œil et oreille, 1984, ainsi que Tombeau de Pierre Larousse, poème musical de François Dufrêne, 1958), dans le théâtre (Fondements pour la transformation intégrale du théâtre, 1953-1970), dans la peinture (les Champs de force de la peinture lettriste, 1964) et le cinéma (Isou réalise quelques films expérimentaux, dont Traité de bave et d'éternité, 1951). Par la pratique du détournement et la critique virulente de ce que Guy Debord analysera plus tard comme « la société du spectacle », Isou donne à la subversion lettriste, au-delà du folklore des manifestes et de la violence polémique des happenings, une dimension sociale, économique et politique. Le lettrisme prépare ainsi le terrain au situationnisme autant qu'à l'Oulipo.