Muhammad ibn Abdallah Ibn Battuta

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain arabe (Tanger 1304 – 1377 ?).

L'un des plus grands voyageurs de tous les temps, parti de Tanger, sa ville natale, à l'âge de 20 ans pour accomplir le pèlerinage à La Mecque, il ne devait revoir le Maroc que quelque 25 ans plus tard, avant de repartir pour visiter le royaume de Grenade, puis les pays du Soudan nigérien. Ses voyages ont couvert à peu près 120 000 kilomètres, l'amenant de l'Espagne et de l'Afrique, occidentale ou orientale, aux îles méditerranéennes, à l'Égypte, au Proche-Orient et à une bonne part du monde connu alors, Constantinople, la Russie du Sud, la Turquie, l'Iran et l'Asie centrale, l'Inde, les îles Maldives, Sumatra et les ports de la Chine. De ces aventures, Ibn Battuta nous a laissé un document (rihla), qui est certainement le chef-d'œuvre du genre en langue arabe. Outre les informations de première main qui nous sont livrées sur les pays visités, et où le merveilleux trouve largement sa place, le livre vaut, plus encore peut-être, par le récit d'une aventure vécue. Le voyage, ici, a défini toute une vie. Nul plus qu'Ibn Battuta ne s'est installé en effet dans l'errance, conseiller politique, ambassadeur ou juge, marié là, puis rompant, libre, et marié de nouveau ailleurs. Une seule chose reste immuable au-delà des variétés de la toile de fond : cette distance prise par rapport aux hommes et aux choses dans le jugement et l'observation ; ainsi qu'une pensée unificatrice et pacifique, religieuse, ou plutôt mystique, comme référent permanent et stable.