William Golding

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Romancier britannique (Saint Columb Minor, Cornouailles, 1911 – Falmouth, Cornouailles, 1993).

Fils d'un instituteur scientiste et d'une mère suffragette, il est profondément marqué par sa participation au débarquement de Normandie. Ermite ironique, il ressasse une certitude lancinante : le mal est inhérent à l'homme. En 1954, Sa Majesté des Mouches subvertit la robinsonnade en renversant l'Île de corail de R. M. Ballantyne (1825-1894) : des enfants naufragés sur une île déserte redécouvrent la barbarie. Le livre connaît un immense succès, qui occultera souvent la suite de l'œuvre. Les Héritiers (1955) évoquent la lutte vaine d'une tribu néandertalienne contre un clan plus évolué, donc plus cruel, celui de l'Homo sapiens. Golding va désormais creuser toutes les valeurs et toutes les vertus, de l'héroïsme (Chris Martin, 1956) à l'innocence (Chute libre, 1959). Qu'il promène ses regards sur le passé, comme dans le Dieu Scorpion (1971), ou dans la Nef (1964), ou qu'il s'attache à la chronique de la vie rurale anglaise (la Pyramide, 1967), on décèle une même obsession : celle de la souffrance et de la destruction des êtres, ignorants de leur propre nature, livrés à de faux dieux (Marx, Freud ou Darwin) et condamnés comme des insectes à s'entre-dévorer (Parade sauvage, 1979). Humiliés, offensés, frustrés, les hommes se soumettent sans cesse à des Rites de passage (1980), premier volet d'une trilogie maritime (Coup de semonce, 1987 ; la Cuirasse de feu, 1989). La consécration viendra en 1983 avec le prix Nobel de littérature.