Jean Cayrol

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain et cinéaste français (Bordeaux 1911-id. 2005).

La voix grave de ses premiers textes (le Hollandais volant, 1936 ; le Dernier Homme, 1940) s'est encore approfondie avec l'expérience de la déportation (Poèmes de la nuit et du brouillard, 1945), l'horreur physique ayant accentué l'inquiétude métaphysique, tandis que le poète se faisait aussi romancier (Je vivrai l'amour des autres, 1947). Dans cette littérature du « réalisme concentrationnaire », l'intrigue importe moins que la révélation de l'abîme (la Noire, 1949 ; les Corps étrangers, 1959 ; Midi-Minuit, 1966), dont témoigne également le film Nuit et brouillard (1956), co-écrit avec Alain Resnais. Pourtant la foi en l'humanité demeure et fonde une œuvre de résurrection (Lazare parmi nous, 1950), notamment par un inventaire onirique des éléments naturels (Histoire d'une prairie, 1970 ; ... d'un désert, 1972 ; ... de la mer, 1973 ; ... de la forêt, 1975 ; ... du ciel, 1979 ; Exposés au soleil, 1980). La mythologie de la matière et des objets sous-tend le double mouvement de recomposition de l'enfance (les Enfants pillards, 1978 ; Il était une fois Jean Cayrol, 1982 ; Qui suis-je ?, 1984) et de déconstruction du personnage romanesque (l'Homme dans le rétroviseur, 1981), dont la chronique apparaît dans les esquisses de Poésie-Journal (1969-1980) ou dans les aphorismes des Poèmes clefs (1985).