Élémir Bourges
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain français (Manosque 1852 – Paris 1925).
Esthète, amateur de musique (particulièrement de Wagner) et intellectuel, Bourges n'a livré au public qu'une œuvre mince, distillée comme autant de nécessités intérieures : Sous la hache (1883), le Crépuscule des dieux (1884), Les oiseaux s'envolent et les fleurs tombent (1893), la Nef (1904-1922). « Œuvre protégée contre l'esprit du jour » (E. Jaloux), le roman de Bourges déploie en vastes fresques une symbolique qui emprunte aussi bien aux tragiques grecs qu'aux dramaturges élisabéthains, à l'univers mythique de Dante qu'à l'imaginaire romantique ; œuvre touffue qu'unifie cependant une écriture qui demande à la musique l'alternance des thèmes et des modulations ; œuvre philosophique, enfin, qui, évoluant du nihilisme à l'idéalisme, s'épanouit en un dialogue cosmique mettant en scène religions et idéologies. Véritable Prométhée d'un univers décadent, Bourges traduit dans le réel l'attitude ambiguë qui fut celle de Des Esseintes ou de Dorian Gray dans la fiction.