Ludwig Joachim, dit Achim von Arnim

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain allemand (Berlin 1781 – Wiepersdorf 1831).

Issu d'une vieille famille de l'aristocratie prussienne, il abandonne des études scientifiques pour se consacrer à la littérature à partir de 1802, date de sa rencontre avec Clemens Brentano à Göttingen. Après un voyage à travers l'Europe, il publie à Heidelberg en collaboration avec Brentano, dont il épousera la sœur Bettina en 1811, le Cor merveilleux de l'enfant (1806-1808), recueil de chants populaires allemands collectés avec l'aide des frères Grimm et de Bettina Brentano. Ce florilège a été conçu pour sauver de l'oubli et de la dispersion les trésors de la poésie populaire. Mais il s'agit aussi de retrouver « un ton plus dru », susceptible de galvaniser un peuple désemparé. Véritable mythologie nationale, les 722 pièces du recueil mêlent des poésies populaires de la tradition orale, des poèmes d'auteurs tels que Opitz, H. Sachs ou P. Gerhard et l'apport personnel des deux auteurs. Ce recueil, dédié à Goethe, a suscité l'admiration et l'imitation de poètes tels que Heine et inspiré des compositeurs tels que Schumann, Brahms et Mahler. Quelques-unes de ses chansons appartiennent aujourd'hui encore au fonds le plus vivant du folklore allemand. En 1814, Arnim se retire sur ses terres. Collectionneur de vieux textes, romancier à succès, auteur dramatique malheureux, Arnim reste surtout connu comme auteur de nouvelles. Lucide, engagé dans son temps, mais aussi, et de plus en plus, misanthrope et solitaire, il reproduit dans son œuvre cette dualité fondamentale. L'action de ses récits rejoint volontiers l'univers fantastique des superstitions et des légendes : le Golem et la Mandragore prennent forme humaine (Isabelle d'Égypte, 1812), le ghetto se peuple de fantômes (les Héritiers du majorat, 1819). Mais il arrive aussi que l'explication rationnelle réfute les croyances populaires dont Arnim fait le thème même de ses nouvelles (l'Invalide du fort Ratonneau, 1818). Représentant éminent du romantisme dit de Heidelberg, Arnim se laisse difficilement enfermer dans les caractéristiques de cette école : redécouverte du passé allemand, retour aux traditions, conservatisme teinté de nationalisme, exaltation de l'imaginaire. Par son goût, parfois excessif, du bizarre et du grotesque comme par un certain parti pris de laisser-aller dans l'écriture, il s'apparente aussi aux surréalistes, qui ont deviné en lui un précurseur.