Gabra-Yasus Afa-Warq

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain éthiopien (Zagyé 1868 – Djiren, près de Djimma, 1947).

Après des études traditionnelles, il est envoyé en 1887 à Turin pour se perfectionner dans la peinture. À son retour au Choa, il est chargé de décorer la nouvelle église Sainte-Marie bâtie à Entotto. Il encourt la colère de l'impératrice Taytu et retourne en Italie, où il va assister à Naples F. Gallina pour l'enseignement de l'amharique, de 1902 à 1912. C'est le point de départ d'une carrière de linguiste et d'écrivain qui se poursuivra brièvement après son retour en Éthiopie. Sous le règne de Hâyla Sellâsê, il sera commerçant, fonctionnaire, diplomate, mais la conquête italienne marquera un tournant décisif dans sa vie. Il se rallie aux occupants, qui font de lui le président de la Cour suprême. À la libération de son pays, il est arrêté et meurt en déportation. Éditeur en guèze du Psautier, auteur en italien ou en français de quatre ouvrages de linguistique amharique, il n'a écrit qu'un seul roman, Histoire imaginaire (1908), mais c'est le premier roman de la littérature amharique. Avec cette histoire très romanesque, un peu naïve et moralisatrice, fortement imprégnée de l'esprit traditionnel, il inaugure un genre littéraire jusque-là inconnu en Éthiopie : le ton en est familier et simple, mais le vocabulaire est raffiné et le style recherché. Tous ces traits originaux inspireront les nouveaux écrivains éthiopiens. Afa-Warq est aussi l'auteur d'une vie de Ménélik II (1909) et du récit du voyage du régent Tafari à Djibouti et à Aden (1923). Il cultivait la poésie, et on connaît de lui un poème satirique contre Ledj Yasu. Il reste le plus important des écrivains éthiopiens de la première moitié du XXe  s.