la Porte du paradis

Heaven's Gate

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Western de Michael Cimino, avec Kris Kristofferson (James Averill), Christopher Walken (Nate Champion), Isabelle Huppert (Ella), John Hurt (Billy Irvine), Jeff Bridges (John), Sam Waterston (Canton).

  • Scénario : Michael Cimino
  • Photographie : Vilmos Zsigmond
  • Décor : Tambi Larsen, Spencer Deverill, Maurice Fowler
  • Musique : David Mansfield
  • Montage : Tom Rolf, William Reynolds, Lisa Fruchtman, Gerald Greenberg
  • Pays : États-Unis
  • Date de sortie : 1980
  • Son : couleurs
  • Durée : 3 h 30 (version longue), 2 h 30 (version courte)

Résumé

1 : 1870. Diplômés de Harvard, James Averill et Billy Irvine, des nantis, envisagent un avenir radieux consacré à l'amélioration du monde. Averill est amoureux d'une jeune et jolie fille.
2 : 1890. Averill est devenu shérif et défend la cause d'émigrés « gênants » que les riches éleveurs veulent abattre. Au cours de la tuerie, Ella, une prostituée qu'Averill désirait épouser, est abattue.
3 : 1903. Sur son bateau, Averill évoque amèrement les événements passés. Auprès de lui, vit la jeune femme du début, devenue la caricature de ses rêves déçus.

Commentaire

Ce film cher et ambitieux qui devait consacrer le cinéma d'auteur aux États-Unis fut, par son échec, son tombeau. Mal compris et détesté, ce film d'une grande audace structurelle, où des personnages volontairement évasifs et ambigus ne sont définis que par ce que les autres en disent et par les actes contradictoires qu'ils accomplissent, contient une douzaine des plus belles séquences visuelles de l'histoire du cinéma, organisées autour d'un principe de composition circulaire où les cercles définissent géométriquement, socialement et symboliquement le film. Davantage et plus lucidement que Griffith ou Ford (qu'il cite), Cimino est le « porte-parole » idéal d'une nation et de toutes ses contradictions. Ce qu'on ne lui a pas pardonné, c'est d'avoir montré comment se sont vraiment constitués les États-Unis, en tant que nation de droit : pas seulement en éliminant les Indiens, mais en permettant que le riche tue le pauvre et qu'une majorité de minorités soit dominée par une minorité.